Communication : Le collège invisible (modèle systémique)7 minutes de lecture

23 approche systémique ou interactionnelle.


Origines cybernétiques

L’école de Palo Alto, ou collège invisible est composé d’anthropologues et sociologues tels que Bateson, Birdwhistell, Hall, Goffman ; de psychiatres, de psychanalystes, de psychothérapeutes tels que Watzlawick, don jackson.

Ils s’appuient sur les acquis de la cybernétique (systèmes autorégulés) ayant conçu le feedback (les robots se déplacent en intégrant au fur et à mesure les effets de ses déplacements).


La cybernétique se constitue (Wiener 1950) par un ensemble de théories relatives au contrôle, à la régulation et aux communications dans l’être vivant et la machine. La notion centrale de ces théories est le feedback, ou rétroaction. Ils posent la métaphore le la participation à un orchestre, pour remplacer celle de l’échange de ping-pong. On utilise encore ce modèle dans l’étude des interactions familiales ou conjugales, dans certaines pathologies de la communication (mais de toute façon, c’est toi qui a commencé).

L’interaction est une séquence de messages échangés par des individus en relation réciproque, en une boucle circulaire caractérisée par des rétroactions positives ou négatives. L’observation de séquences d’interactions permet de noter que les processus d’influence vont jouer toujours dans les deux sens.


Le premier postulat de l’école de Palo Alto est qu’il est impossible de ne pas communiquer car tout à valeur de communication, même si celle-ci n’est pas réalisée de façon consciente, ainsi, le silence, le retrait, les gestes sont porteurs de sens. 70% de la communication est d’ailleurs non verbale.

Logique de communication

Nous avons donc vu que l’interaction est l’échange d’une séquence de messages échangés par les individus en relation réciproque, dans laquelle deux interactants participent à une logique de communication pas forcément consciente et qui les aliènent souvent.

Partant, d’observations concrètes de la vie familiale ou conjugale, on remarque l’utilisation systématique d’un certain type d’interaction. La notion d’interaction devient centrale pour expliquer le (dys)fonctionnement d’un système. Par système ici, on entend deux idées. La première est que l’on met l’accent non pas sur les caractéristiques de tel ou tel individu, ses traits de personnalité, mais l’interrelation, l’interdépendance entre ces éléments. Les modes de communication verbaux et non verbaux mis en places en sont les indicateurs. Cette approche systémique conduit aussi à prendre en compte l’insertion du système dans son environnement, qui peut avoir une influence directe sur par exemple la famille. L’importance de la notion de contexte est primordiale. Par contexte, on entend l’ensemble des éléments du milieu dont les attributs affectent le système et sont influencés par lui. Ce concept est à l’origine des thérapies familiales où l’on ne soigne plus le sujet porteur du symptôme, mais l’ensemble de la famille, du système. Ainsi certains considèrent la schizophrénie comme le résultat de problèmes de communication dans la famille. C’est au niveau de cette communication qu’il faudra donc intervenir.

Il existe une logique de communication comme il existe des enchaînements de coups aux échecs. De façon similaire, il existe des enchaînements de séquences de message dans le couple, qui se suivent les uns les autres au point de rendre malade les patients. A travers une observation répétée, il est possible de repérer les logiques de communication. Certains enchaînements se répètent, certains comportements en appellent d’autres ; il se constitue alors deux grandes catégories d’interactions.

Interactions symétriques et complémentaires

Les interactions symétriques sont celles où les deux individus se répondent toujours sur le même mode (don pour don, violence pour violence etc.) On peut dans ces cas assister à l’apparition de spirales infernales, celle du dernier mot. Les interactions complémentaires au contraire suppose que les partenaires ont tendance à s’enfermer dans des rôles et contre rôles de type dominant dominé avec soumission passive. L’exemple le plus représentatif serait celui d’un monologue et d’une écoute silencieuse d’autre part, les cours magistraux en sont (relation prof-élève par exemple comporte deux rôles complémentaire)

On voit bien comment la communication ne dépend pas uniquement de l’initiative unilatérale de l’émetteur, de sa capacité à maîtriser le code, mais relève aussi d’une participation effective, mais souvent involontaire des deux individus au développement d’une logique particulière de communication. Encore faut il observer les comportements non verbaux des participants pour pouvoir le montrer.

Si les interactions symétriques instaurent l’égalité, la réciprocité dans l’échange, les interactions complémentaires ont tendance à souligner les différences de places et de pouvoir dans cet échange. Ces logiques s’imposent quasiment naturellement au point de devenir incapable de se parler autrement. Le non verbal constitue le plus gros de la communication. La manière de le dire, de se couper la parole ou pas, les silences, le réamorçage, la gestion des tours de parole constituent une ponctuation significative.

Il existe évidement des débats avec la psychanalyse sur les pathologies de la communication. Il n’y a pas de bonne interaction en soi, mais il y a problème quand ce type d’interaction se rigidifie et ce seul mode de communication est possible. Autrement dit, les deux individus se retrouvent enfermés dans une seule logique de communication, un rapport stéréotypé à l’autre, on se trouve en face d’une première forme de communication pathologique. La seconde forme relevant de la confusion des niveaux de la communication. En effet, toute communication peut être prise à deux niveaux : l’un est celui du contenu (code digital, arbitraire, symbolique), l’autre est le niveau de la relation. En regardant la relation construite dans l’échange (code gestuel, imagé, allégorique, analogique) qui parfois contredit d’ailleurs les propos tenus. Très souvent dans leur observation, deux individus obnubilés par le contenu de leur échange passent à côté du problème : le type de relation qui les lie entre eux.

La capacité à métacommuniquer joue ici un grand rôle, en effet, communiquer sur la communication, gérer la relation, la faire évoluer permet de clarifier ces situations.

Il existe une troisième forme de communication « pathologique » : la double contrainte (ou double bind). Un même message contient en lui deux significations incompatibles, contradictoires, plaçant celui qui reçoit le message dans une situation impossible. Par exemple, quelqu’un qui dirait : soyez spontané, réactif ; soyez volontaire ! Ayez des projets ! etc. la forme même que prend le message contredit son fond et on contredit soit le fond soit la forme quelle que soit la réponse. Pour se libérer de ce type de communication, Watson préconise la communication paradoxale à visée thérapeutique, dans laquelle on va faire jouer tour à tour aux deux individus les termes de cette contradiction. Cela n’a pas été prouvé empiriquement cela dit.

On peut comprendre un certain nombre de troubles psychologiques construits historiquement par l’individu comme le résultat d’une dynamique de communication dans lequel ils s’enferment mutuellement.

Conclusion : Parler de logiques de communication se réfère à une approche pragmatique (observation systématique d’abord) pour dégager des règles, rituels, types d’interaction autour desquels s’organise la communication. Ce modèle met plus l’accent sur ce que Hall a appelé la dimension cachée de la communication (autrement dit, le non verbal). Parfois le problème est cherché dans le contenu de la communication alors que ce qui n’est pas supporté est le ton (confusion des niveaux). Ce modèle trouve ses limites dans le fait qu’il se centre trop sur l’observation des comportements, sous-estimant ainsi la question centrale de la signification de ces échanges par des processus psychologiques et sociologiques. Cette perspective est centrée sur l’ici t le maintenant, occultant ainsi la part de l’histoire personnelle. L’approche psychosociale tente d’aborder le ses et les modalités de l’échange pour les deux parties.

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