Soumission librement consentie7 minutes de lecture

Changement d’attitude, dissonance cognitive et soumission librement consentie

Le changement est obtenu par l’extorsion d’un comportement allant à l’encontre d’une attitude initiale.

Introduction: le déluge annoncé

Léon Festinger, très empreint de la théorie de la consistance cognitive, écrit l’échec d’une prophétie, dan laquelle il relate l’histoire de Mme Keech, qui annonce un déluge sur le continent prévu pour le 21 décembre de l’années courante, dans les années 50s. Elle annonce ainsi la fin du monde. Elle déclare avoir obtenu cette information d’extraterrestres. L’information ayant été transmise comme une rumeur, la source a été plus vite oubliée que le contenu du message. Les psychologues sociaux ont alors décidé d’infiltrer la secte dont cette dame faisait partie, et parmi eux, Léon Festinger.

Vient le 21 décembre et… rien. Il a bien fallu fournir une explication: les croyants ont sauvé le monde de la destruction, explication qui a du être expliquée au monde. Comment explique t on ce genre d’explications? Pour y croire, certains rejettent leurs croyances initiales sur ‘l’extérieur, (ceux qui se trouvaient seuls). C’est la base de la dissonance cognitive: trouver une justification plausible vis à vis d’un comportement émis, à l’encontre d’une attitude initiale. Certains vont d’ailleurs jusqu’à une radicalisation, cherchant après ce « miracle » à convertir encore plus de gens à la secte.

théorie de la dissonance cognitive

La connaissance se traduit en cognition. Un ensemble de cognitions peuvent êtres pertinentes les unes par rapport aux autres. On dit alors que les cognitions sont consonantes entre elles: je déteste le rouge, je ne m’habille jamais en rouge. Mais elles peuvent aussi être en contradiction: je déteste l rouge, mais j’ai acheté une voiture rouge. On dit alors qu’elles sont dissonantes entre elles, ou inconsistantes.

Par exemple, l’attitude d’une personne peut être, j’aime m’exposer au soleil, et ses croyances concernant cet acte peuvent être: l’exposition au soleil est associée à un risque de cancer de la peau. Il existe alors un état de dissonance qui entraîne un mal-être cognitif, un état de tension qu’il faut réduire. Le même exemple peut s’appliquer aux fumeurs par exemple. Comment cesser de coûter, c’est par exemple plus facile de nier la véracité des propos négatifs. La personne peut alors, pour réduire l’état de dissonance, ajouter des cognitions consonantes: fumer détresse, donne de la contenance. ou moduler les cognitions en présences, par exemple, en réduisant la consommation. L’individu aurait trois catégories de stratégies pour réduire cet état de tension dont l’évitement.

La formulation de Festinger de la théorie repose sur la mesure du taux de dissonance cognitive éprouvée par un sujet. Celui ci est donné par le rapport entre les cognitions dissonantes et l’ensemble des cognitions pertinentes, chacune étant pondérée par son importance.

TxDis=(Imp*Nb cogn dissonantes)/(Imp*cogn pertinentes)

(ndlr. ne serais ce pas plus logique de comporter une importance particulière pour chaque cognition de façon séparée?)

Première spécificité

Concept associé à l’hypothèse fondamentale de consistance.

Pour Festinger, l’inconsistance va être dotée de toutes les propriétés de la motivation, c’est à dire qu’elle met l’organisme en état d tension, de malaise, stimulant et orientant le travail cognitif pour réduire ce malaise, la tension.

L’état cognitif génère donc un état de motivation.

Seconde spécificité

Les modes d’entrée de l’individu dans l’inconsistance (au niveau des pratiques expérimentales)

Pour Festinger, tout doit en passer par le comportement même du sujet car dans toute expérience sur la dissonance, on va demander au sujet de faire quelque chose de problématique pour lui (acte problématique), en sachant qu’il est contre, mais qu’il accepte en toute liberté (soumission). C’est donc un acte contre attitudinal. (qui peut entraîner une escalade d’engagement).

L’expérimentateur représente une figure d’autorité, déclare « vous êtes libre de le faire ou de le refuser ». B&J: le sujet de Festinger est un acteur qui se comporte, qu’on prend souvent les mains dans la poubelle et dont le comportement affecte la conception du monde.

Troisième spécificité

Comment réduire la dissonance?

La réduction est un processus de rationalisation, celle ci ne s’adapte qu’en cas d’émission d’un comportement problématique. Elle a pour objectif de retourner à l’état minimal de tension motivationnel pour retrouver l’état de consistance. La tension motivationnelle du sujet est seulement liée à la représentation de la cognition génératrice (l’acte problématique). Le changement d’attitude observé ne s’accompagne pas d’une réorganisation de l’univers cognitif du sujet, mais d’une rationalisation. L’acte engendre un changement d’attitude, qui est accompagné d’une justification à postériori par rapport à l’acte problématique: c’est la rationalisation.

La théorie de la dissonance cognitive est donc la théorie de la rationalisation cognitive ayant pour conséquence le changement d’attitude, se traduisant par une nouvelle mesure du taux de dissonance à priori réduit. Plus le sujet éprouve delà dissonance (état d’inconfort psychologique), plus il va devoir changer son attitude pour retrouver un état de consistance. le changement d’attitude est proportionnel au taux de dissonance cognitive ressenti par le sujet.

Par exemple, un état de privation de tabac pendant deux ou 24 heures sera perçu différemment par deux sujets, l’un fumant peu, l’autre deux paquets par jour. Celui fumant le plus trouvera l’épreuve plus intéressante en moyenne que le petit fumeur, et on peut imaginer que c’est la cas d’autant plus que l’expérience est longue.

Une expérience sur la quantité fumée a été réalisée. Comment et en toute liberté amener de gros fumeurs à arrêter? En prétextant une étude sur les effets de la privation de tabac sur la concentration, pour une instance tout à fait prestigieuse et à des fins louables. La déclaration de liberté étant faite pendant l’exposition des consignes.

Si l’acceptation st faite en toute liberté (on ne parle donc que de ceux qui ont accepté), on demande après coup de décrire si l’expérience a été trouvé plutôt positive ou négative, sur une échelle de 0 à 11. L’échelle permet de justifier son acceptation, et on note qu’il y a moins de malaise pour le groupe de petits fumeurs que de gros fumeurs (c’est à priori moins coûteux pour eux d’arrêter de fumer, moins problématique), et on note en effet des réponses plus positives pour le groupe de gros fumeurs: « C’était positif, c’est pour ça que j’ai accepté, je suis quand même pas maso… »

A priori, le changement d’attitude ^pourrait être effectivement proportionnel à la dissonance ressentie, comme si répondre à l’échelle permettait de rajouter de la valeur à l’acte. C’est intéressant à constater pour des actes très problématiques, comme tuer etc. Le changement d’attitude dans ce que postule Festinger est obtenu exclusivement à partir de l’acceptation ou non de l’acte problématique, en toute liberté. C’est un processus de rationalisation et de justification à posteriori qui permet de donner de la valeur au comportement problématique émis.

Statut de l’engagement dans la théorie de la dissonance

Les processus de rationalisation décrit par Festinger ne sont observés que dans certaines conditions. Il faut que le sujet soit engagé : la situation expérimentale présente des situations engageantes connus du sujet (vous êtes libre d’accepter ou de refuser). Ces caractéristiques engageantes connues du sujet constituent alors des cognitions.

Ces caractéristiques ont été définies par Kiesler (1971), ayant effectué des travaux sur ce qui engage par rapport à un acte problématique. Il a dégagé quatre caractéristiques: l’acte doit être public (quelqu’un doit observer la situation), il doit être irrévocable (une fois engagé, on ne peut pas revenir en arrière), elle a un caractère grave, c’est à dire qu’il n’est pas gratuit, il est coûteux, avec des conséquences; et enfin, la décision doit être prise librement, librement consentie.

Plus l’ensemble de ces caractéristiques est présent, plus le sujet sera engagé dans la situation. L’importance du sentiment de liberté est traité dans le livre: le traité de la servitude libérale, analyse de la soumission, par Beauvois 1994, Dunod.

Le libre choix ou sentiment de liberté est le statut primordial de la théorie de la dissonance cognitive; le sentiment pour le sujet d’avoir choisit d’émettre un comportement par libre choix, engage et met les gens en état de dissonance car ils ne peuvent pas attribuer leur comportement de soumission à autre chose qu’eux même, et non à l’expérimentateur par exemple. Les gens déclarés libres vont rationaliser (et donc changer d’attitude), là où le sujet non déclaré libre ne le fait pas.

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *