Psychologie clinique : les apportes de la psychanalyse
La psychanalyse ne doit pas être confondue avec la psychologie clinique, c’est une discipline distincte. Sur la plan historique, l’invention de la psychanalyse est à l’origine de nombreuses ruptures épistémologique qui ont contribué à l’avènement de la psychopathologie et de la psychologie clinique contemporaine. La psychanalyse a ainsi contribué à donner naissance à un nouveau paradigme de la psychologie clinique. Certaines conceptions de la psychologie clinique comme de la psychopathologie empruntent pour une part la conception théorique psychanalytique, non pas les méthodes d’investigation, de traitement, mais le modèle théorique mis à disposition pour interpréter.
Elles exploitent ce que Freud a découvert, autrement dit l’existence d’un ordre de causalité psychique, et ce qu’il a mis en œuvre dans sa pratique : l’efficacité du traitement par la parole. La psychanalyse constitue un cadre de référence majeur à la disposition des psychologues quel que soit leur orientation. Le problème de la psychanalyse c’est que lorsqu’elle est utilisée, on perd le versant scientifique du discours. La psychanalyse ne relève pas du paradigme de la science moderne c’est-à-dire son discours se différencie fondamentalement du discours scientifique par rapport à la preuve et les possibilités de généralisation. Ces expériences, observations ne sont pas vérifiables ni reproductibles. L’ambiguïté vient de la localisation de la science.
La psychanalyse a proposé un ensemble de théories, un modèle, des concepts, et s’inscrit dans une démarche de rigueur, la seule différence est que dans la pratique, il n’existe pas un mode de prise en charge. Il existe cependant un mode de production du savoir spécifique à la démarche freudienne. On peut utiliser le corpus théorique sans utiliser la méthode analytique. La psychanalyse impose de rompre avec un démarche prédictive et avec le modèle explicatif classiquement envisagé en sciences humaines (le modèle expérimental), c’est-à-dire qu’on ne va pas chercher à reproduire et comparer des symptômes. La psychanalyse a contribué à interroger la psychologie. On sait que l’approche expérimentale et clinique sont deux démarches antinomiques.
La psychanalyse a contribué à montrer que nous traversons une période de modification de la conception de l’humain, celle-ci se manifeste par l’abandon du cas particulier, qui va se manifester aussi par un oubli du sujet de l’inconscient, la causalité psychique liée à l’histoire de l’individu, et par le rejet de la valeur de solution du symptôme (comprendre, ce qui ne va pas). La psychanalyse considérant le symptôme comme le résultat d’une fonction normale, donnant une satisfaction au sujet d’une façon ou d’une autre.
Freud est psychiatre et neurologue de formation, il va se détacher de sa formation initiale. Travaillant dans un laboratoire psychiatrique, il est attiré par l’enseignement de Charcot à la Salpêtrière. En suit une prise de conscience autour des phénomènes hystériques, par laquelle Freud va élaborer sa théorie. La grande question de l’époque est de définir si les troubles somatiques hystériques ont une base physique réelle ou s’ils ne sont que le fruit qu’une comédie, d’une simulation excellente, d’une manipulation. Freud retient l’authenticité des symptômes et postule que si aucune origine somatique n’est trouvée, il faut chercher l’explication à ces symptômes ailleurs. ces paralysies sont sensibles à la suggestion hypnotique, puisqu’ils cèdent ou surviennent par suggestion. Freud va considérer à partir de cette observation que si les lésions supposées à l’origine des comportements hystériques ne sont pas visibles, il faudra les expliquer autrement, tout en considérant l’organisme comme sain. de retour à viennes en 1886, Freud ouvre son cabinet et en collaboration avec Bruer, il travaille avec la patiente Anna O. Au cours de son travail, il accorde de plus en plus d’importance à la parole, venant à la conclusion que ses patients souffrent de souvenirs, de réminiscences et renonce à chercher des preuves anatomiques et cherche une causalité psychique. Freud remarque aussi que parler, verbaliser, va avoir un effet sur le symptôme.
La psychanalyse, qu’est ce?
En 1896, Freud utilise pour la première fois ce mot et le définit de trois façons: Comme un procédé d’investigation des processus psychiques c’est à dire accessibles uniquement par la psychanalyse; comme une méthode de traitement des troubles névrotiques (dont l’hystérie, la phobie et les troubles obsessionnels compulsifs). il la définit comme une série de conceptions psychologiques acquises par cette voie (le traitement) qui augmentent progressivement pour former une discipline scientifique nouvelle: la science du fonctionnement psychique. La méthode qu’il emploie est l’association libre: le patient est invité à dire tout, à énoncer ses pensées comme elles lui viennent sans choix, sans crainte, sans jugement etc. La naissance de la psychanalyse est corrélée avec l’abandon de l’hypnose, considérée comme un procédé trop violent et incertain par freud. Celui ci commence par utiliser la méthode d’association dirigée: il fournit un thème à ses patientes à partir de quoi il recherche un évènement traumatique à caractère sexuel à l’origine de la névrose, tentant de conduire le patient à la découverte de cet évènement. Il conclut que la force qui s’oppose au retour de la représentation pathogène est la même qui a présidé à la formation du symptôme. C’est à partir de là qu’il instaure la série insistance, résistance, défense. C’est tout ce qui dans l’action et les paroles de l’analysé (sujet) s’oppose à l’accès de son inconscient Par la suite, Freud invente l’association libre, suite à la requête d’une parole (ne m’interrompez pas, laissez moi parler…) et il parle alors de cure par la parole. De cette méthode il démontre que les symptômes ont un sens et que le sujet sait tout sans le savoir, toute la technique psychanalytique permet au sujet de retrouver le sens de ses symptômes. Cette technique tient compte de la singularité du cas par excellence, et insiste sur l’irréductibilité du sens du symptôme. Freud tente d’élaborer une psychopathologie du quotidien d’où il tire sa théorie de l’inconscient universelle (oublis des noms, actes manqués, rêve etc.)
Dans la théorie psychanalytique, l’inconscient est un maillage d’idées, de perceptions, de pensées, représentations, et émotions constituant le psychisme. Il ne s’agit pas simplement de l’opposition à la notion de conscience mais d’une structure réactive et dynamique c’est à dire quelle réagit, est dynamique et toujours en mouvement, jamais en sommeil.
Le psychisme est l’ensemble des phénomènes et processus psychiques relevant de l’esprit, de l’intelligence, de l’affectivité, qui peuvent apparaître à la surface (la conscience) car elles vont à l’encontre des moeurs (tout ce qui est lié aux interdits: tabous, lois, transgressions). Ces interdits sont en conflits avec le plaisir. L’inconscient est le propre de l’homme « normal » ou non. L’inconscient dénote tout ce qui n’est pas conscient pour un sujet, ce qui échappe à sa conscience spontanée et réfléchie. On n’est pas conscient de notre inconscient. Par exemple, une formation de l’inconscient est le rêve: leur interprétation est considérée comme la voie royale qui conduit à la connaissance de l’inconscient.
La psychanalyse à travers l’exemple du rêve
Le rêve a une fonction essentielle y compris dans le traitement de ses patientes. Elles vont nécessairement lui raconter leurs rêves. Le rêve se présente comme un bon moyen d’accéder à la connaissance des pensées inconscientes du patient, et comme un moyen également de parvenir à la connaissance théorique des mécanismes de l’inconscient. Le rêve est comme un rébus qu’il faut déchiffrer, selon des lois (la logique du sujet). Le rêve a plusieurs fonctions. Il renvoie à la fonction de gardien de sommeil, car il est la manifestation de la vie psychique durant le sommeil c’est à dire qu’il est une réaction à quelque chose qui vient troubler le sommeil: il vise à écarter les excitations psychiques afin de permettre au rêveur de continuer à dormir. l s’agit là de son rôle défensif, mais il a aussi une fonction de satisfaction du désir sous forme hallucinatoire: le rêve n’est pas absurde, c’est un phénomène psychologique qui vise à l’accomplissement d’un désir, issu de l’inconscient (désir à n pas confondre avec besoin): le désir est une tension issue d’un sentiment de manque. On désire ce dont on manque: le besoin va viser un objet spécifique et les moyens mis en oeuvre pour satisfaire le besoin (de même que la mise en acte du désir chez les patients sous forme de symptôme). Le rêve n’est jamais la simple mémoire des évènements récents (du jour, du moi dernier, de l’année) mais une construction psychique issue d’une lutte entre les éléments refoulés et la conscience du sujet. Le rêve est l’expression d’un désir refoulé auquel le sujet n’a pas accès et qui touche à la question du sexuel. Le rêve a donc aussi une fonction de formation substitutive, il a un sens caché possible à mettre en évidence. On distingue dans le rêve deux types de contenue: le contenu manifeste (le récit, l’énoncé du rêve) et le contenu latent qui renvoie à l’ensemble de significations mis en évidence par l’analyse. Le contenu latent renvoie à un désir alors que le contenu manifeste est le résultat, produit du travail du rêve. Si le rêve est l’expression d’un désir refoulé, le matériel utilisé et donnant du contenu au rêve touche des souvenirs récents d’une part, auquel il mêle des souvenirs anciens, liés à l’enfance. La combinaison entre ces deux types de souvenirs résulte d’une chaîne d’associations entre ces souvenirs. Le désir inconscient demeure toujours actif chez le sujet et va chercher en permanence à se réaliser. Il va prendre toute sorte de vêtures dont celle du rêve en venant s’attacher au moindre évènement de la réalité.
Le rêve comme toute formation de l’inconscient doit être considéré comme un substitut déformé d’un évènement inconscient, que l’interprétation aura pour tache de découvrir, à travers le travail sur le contenu manifeste, le contenu latent se révèle. Le cas d’Alicia étudié en TD permet de s’en rendre compte. Il ne faut pas dans le rêve se concentrer sur la globalité mais prendre précisément différentes parties du rêve, il doit s’interpréter par fragments. Freud ne s’est pas résolu à voir dans ces productions psychiques l’effet d’un arbitraire (aléatoire) mais s’est mis en quête d’une explication logique. il va proposer ainsi de traiter tout les faits psychiques y compris le rêve comme des productions psychiques déterminées par un réseau de pensées inconscientes fonctionnant sur différent mécanismes, dont les trois suivants:
La condensation définie par Laplanche et Pontalis (vocabulaire de psychanalyse, PUF) consiste à représenter par un seul élément du contenu manifeste une multiplicité d’éléments (images, représentations) du contenu latent. Inversement, un élément du contenu latent peut être représenté par plusieurs éléments du contenu manifeste. Par exemple, un personnage peut en incarner différents: la vois référent à une personne, le visage à une autre, le comportement encore une autre… note perso: i n’est pas rare par exemple qu’un personnage au début du rêve devienne un autre à la fin sans que la transition entre les deux soit « remarquée » avant le récit du rêve, au cours de laquelle un telle différence peut parfois sembler choquante par un tel illogisme :p
Le déplacement consiste en un détachement de l’accent, l’intérêt, l’intensité d’une représentation pour passer à une ou d’autres représentations originellement peu intenses, reliées à la première par une chaîne associative.
Enfin la formation de compromis est un conflit entre deux tendances s’opposant continuellement. L’issue de ce conflit est une formation de compromis dans laquelle les tendances trouvent une expression complète. Le symptôme est un compromis par exemple.
Merci pour ce contenu. Il a largement contribué à comprendre les d’une formation que je suis en ligne et que je trouve très compliquée.