22 L’influence par conformité (conformisme, conformisation, influence majoritaire)
221 Définition
La situation est la suivante : Pierre est enfin rentré dans le comité étudiant. C’est sa première réunion et il considère très importante sa présence ici, parce qu’il compte bien réfréner, tempérer les actions du comité, qu’il juge trop extrêmes. Il éprouve le désir d’éviter ainsi un choix trop limité, et de représenter la majorité silencieuse qui préfèrerai d’autres moyens d’action. Il va leur en faire voir, et tenir sa position, pour faire changer les choses -enfin.
Arrivé sur place, il se sent un peu exclu : les autres se connaissent déjà tous, blaguent ensemble, et semblent bons amis. Les anciens parlent en premier : Le président du groupe annonce d’abord ses intentions, idées qui sont à l’opposé de celles de Pierre, par un long discours enflammé. Le second parle ensuite, soutenant le premier. Le troisième appuie lui aussi cette position. La quatrième la critique en disant qu’il faudrait aller encore plus loin dans ce sens. Le cinquième est lui aussi tout à fait en accord avec cela. Pierre ne s’était jamais senti aussi petit dans ses souliers. A son tour de parler, après moult raclements de gorges, tous les yeux braqué sur lui, l’air de demander si celui ci est un type bien, Pierre conclut d’une petite voix que « le débrayage peut faire bouger le mouvement ».
Ici par conformité ou influence majoritaire, il y a conformité quand un individu ou une minorité modifie son attitude, comportement, afin de le mettre mieux en harmonie avec le comportement ou l’attitude d’un groupe. (Lévine & Pavelchak in Moscovisci Psychologie sociale)
L’influence de la majorité exercée sur l’individu ou la minorité pour le(s) conduire à se rallier à la norme dominante dont cette majorité est porteuse se fait sans pression directe : c’est la minorité elle-même qui se met la pression, Pierre n’a pas été menacé, il s’est imaginé menacé.
Là où la normalisation visait à l’évitement d’un conflit, la normalisation vise à la réduction d’un conflit, en éliminant tout point de vue qui risquerait de remettre en question l’identité du groupe.
222 Conditions d’apparition
Il faut qu’il existe une norme d’objectivité indiquant qu’il existe une bonne réponse à la question posée. Il existe un groupe « nomique » porteur de na norme, l’ayant fortement intériorisée et essayant de la défendre activement. Ils sont en présence d’un groupe anomique, minoritaire, c’est à dire dépourvu de cette position fortement intériorisée.
223 Expérience de référence
Asch a réalisé une expérience en 1952, après avoir fui l’Allemagne nazie, il voulait montrer que dans les situations les plus extrêmes, l’individu pouvait garder son libre arbitre, et donc une position rationnelle.
Son dispositif consistait à demander à des individus en situation de groupe de réaliser une tâche non ambiguë : définir parmi trois traits celui qui était de longueur égale à un odèle. Une bonne réponse s’impose dans ce cas. Le groupe est cependant truqué et une majorité du groupe est composé de compères qui sont là pour donner tous la même mauvaise réponse, le comportement du seul sujet naïf de chaque groupe de 6 est alors observé.
Contrairement aux attentes de Asch, un sujet naïf sur 4 s’est conformé, et 38% des réponses ont été influencées. Cette expérience met en évidence le suivisme des individus qui se conforment non car ils sont convaincus mais par peur de se démarquer.
Y a-t-il conflit ou pas ? Le sujet naïf joue son insertion dans un groupe, l’évitement concerne ici un conflit de type relationnel. Le sujet doit se poser les questions suivantes : Est-ce que cela vaut le coup de donner une réponse si différente ? Par intériorisation certains peuvent même en venir à oublier l’intériorisation et prendre l’idée comme étant la leur à l’origine. Qu’est ce que j’ai à y gagner ? Au mieux je me trouverais marginal. Il s’agit là d’un conflit intrapersonnel.