Stade anal
Il recouvre la seconde année de vie. C’est la fin de la période où l’enfant s’est conçu comme une surface percée d’un trou. A 12 mois, il se vit autrement, et découvre sa zone anorectale. Il l’a vécue très passivement au départ, et rien ne s’y jouait, en termes d’élaboration. Il découvre maintenant la maitrise, se disant qu’il y a au moins une chose qu’il peut contrôler: il peut retenir ou donner des excréments, d’autant que les parents commencent à penser à la propreté, ce qui signifie, poser l’enfant sur le pot et attendre, et recommencer.
Un beau jour, l’enfant va faire sur ce pot, et l’entourage s’exclame. Cela devient quelque chose sur lequel il a prise. Il peut donner, ou retenir; faire plaisir, ou agresser, frustrer l’autre: l’excrément devient une monnaie d’échange, tout ce qui lui passait par la main ou la bouche était à un autre jusque là. On devient un « moi je », chose qui arrive en même temps que la marche et la parole. Tout ceci pose bébé comme un moi capable d’agir, plus autonome. La relation entre interne et externe, le soi et le non soi va se jour autour des excréments cette fois. Ces excréments, c’est moi, une partie de moi qui se détache, fait par moi. L’excrément est un objet transitionnel: je le fabrique, mais je n’en ai pas besoin, au contraire, je dois m’en débarrasser. Bébé se trouve par ces pensées confronté à la perte et à la capacité de se différencier.
L’enfant se pose en s’opposant (au désir de l’autre), c’est ce qui lui permet d’exister. Cela peaufine l’autonomie!
La zone de prédilection a cette période est la zone ano-rectale: l’enfant éprouve un plaisir physique à conserver ou rejeter les matières fécales et il peut se soumettre (faire plaisir à l’autre) ou se refuser (se faire plaisir à soi). C’est aussi la mise en place de l’axe sado masochiste et de la bisexualité psychique. C’est le fait que pour les deux sexes, l’objet de désir et de plaisir qui est investi est le même et il en tire son plaisir, les désirs s’organisent autour de la même zone corporelle, les mêmes curiosités se présentent. Cette « bisexualité » est déjà présente au stade oral me direz vous, oui! Mais elle n’est pas encore investie, l’enfant étant trop occupé à se différencier de ce qui l’entoure en le goutant.
Le sadisme se présente sous cet aspect: Quel est le devenir des objets fécaux? Leur devenir? Comment l’investir? L’enfant les investit positivement en premier lieu, puis rapidement, en s’étayant sur les réactions de l’entourage (ça pue, beurk, vite faut s’en débarrasser…), l’enfant comprend qu’on ne les garde pas, et que c’est normal: l’enfant va chercher à s’en débarrasser. Plus l’entourage a manifesté son dégout tôt, plus l’enfant va fécaliser les objets en les considérant comme dégoutants, à bannir etc. certaines personnalité psychopathiques s’expliquent par ce style de prototype: ça n’existe pas ou c’est de la merde et à traiter comme tel etc…. ou encore certains troubles névrotiques: névrose obsessionnelle de conserver, accumuler et se donner de la valeur par ce que l’on possède par exemple.
Certains auteurs ont divisé en deux sous stades chacun de ces deux stades: Dans les deux cas, le premier est passif (succion, faire sur le pot), et le second est actif (morsure, ne pas faire sur le pot).
Merci s’il était possible de retrouver des parties de texte citées des publications de Jean Piaget pour les recherches concluant que « la pensée de l’enfant se pose en s’opposant ».. J’aurais besoin de localiser précisément ces éléments dans l’oeuvre de J. Piaget.
Je crois me rappeler que la citation était de Henri Wallon, si je ne me trompe pas. (C’était il y a longtemps pour moi!)