La constitution du groupe dans l’expérience immédiate et affective de la relation. (La vie affective des groupes) : esquisse d’une théorie de la relation humaine.
« Nous admettons la relation comme un phénomène immédiat et premier, clé de voûte aussi bien des phénomènes psychologiques que sociologique. Ces sept expériences de la relation que partagent tous les membres d’un groupe. Elle est le fondement du lien groupe pâle Carel ne renie pas seulement chacun à tel être particulier, mais à tous. Elles restent le plus souvent obscur, caché, inconsciente. S’est-elle cependant, à nos yeux, qui gouverna la vie du groupe » (1975 P. de 199)
Pagès récuse l’opposition Sartrienne entre la serie et le groupe. Pour lui, la série est déjà assimilable à une relation humaine unifiante, mais vécu un niveau tout à fait inconscient. Ces gens attendant le bus sont déjà solidaires dans leur solitude mais n’ont pas conscience du lien qui les unit : il s’exprime déjà une certaine forme de compassion des ans à l’égard des autres. La série est une relation refusée ; plutôt qu’une menace de la sérialité, il vaudrait mieux parler à notre sens d’angoisse de solitude ou de séparation car il s’agit d’un phénomène humain qui régit la vie des groupes et non d’un danger extérieur sans signification humaine.
Ici le groupe le plus du domaine du sentiment, du langage, que du domaine de l’action commune. Le groupe sartrien est une totalité manquée, c’est une illusion d’unité passagère. Ce qui le montre bien c’est que pour Sartre l’État groupages par excellence, c’est le groupe en fusion. La fusion pour Pagès et l’État d’un groupe aliéné dans la mesure où celui-ci refuse l’angoisse de séparation. Or le groupe sous sa forme la plus développée suppose l’individualité, la séparation et l’acceptation de l’échec dans la coopération. Le groupe se construit comme une relation qu’il survit à ses échecs. Le groupe est une totalité fondée sur un paradoxe : de la séparation des individus, différences, conflits, va naître une unité affective qui va se traduire par un effort permanent de solidarité. Le groupe est une manière de donner du sens au conflit.
Une expérience a été menée sur des étudiants de psychologie de Rennes. Cette expérience est connue sous le nom du groupe de la baleine. Il s’agit d’une formation pour prendre conscience de ses attitudes en groupe. Ce groupe est composé de très étudiants. Max Pagès, comme moniteur, a une fonction interprétant ce. Il pose des interprétations de ce qu’il se passe dans le groupe au fur et à mesure, notamment sur les phénomènes inconscients. Claude faucheux joue le rôle d’un observateur. Ceux-ci se rapprochent des groupes de diagnostic Lewinnien petits groupes ou t-group.
Au cours de la session, Max Pagès a proposé au groupe de construire une histoire tournante. Cette histoire tourne autour des aventures d’un homme et d’une baleine. Pagès voit dans la forme animale de la baleine à la fois une représentation du moniteur mais aussi une représentation du groupe lui-même. Parce que la baleine représente le moniteur, il a un rapport ambivalent avec le groupe : tantôt il est agressé par le groupe, tantôt il en est une figure protectrice, bienfaisante. Dans la mesure où la baleine représente le groupe, indique que c’est le groupe qu’on veut détruire et qui sauve au parti on veut être sauvé.
À partir de l’exemple, Pagès analyse toute l’évolution du groupe à travers ses sentiments, d’anxiété, d’angoisse et montre comment cette expérience collective provoque un très fort sentiment d’abandon mêlé de culpabilité, car on s’attribue la responsabilité de son mauvais fonctionnement, de leur prochaine séparation. Ces sentiments-là jouent un rôle primordial dans la dynamique d’un groupe. Pour lui les phénomènes de groupe peuvent être interprétés comme des systèmes de défense collective contre l’angoisse de séparation.
Il existe un lien positif qui s’établit dès les premiers moments de la formation du groupe. Ce lien ne peut être séparé d’une expression souvent inconscient de l’angoisse, il est constitué par une défense contre l’angoisse de séparation, d’abandon, de solitude, équivalente à la crainte de la mort. Elle prend des formes superficielles, de peur plus ambivalente comme la peur d’être influencé, manipulé, agressé etc. le leader est aussi celui qui représente le mieux les peurs et angoisses partagées par les autres et pas seulement ses buts et aspirations. Les participants qui auront une réelle influence seront ceux qui seront exprimés de la façon la plus exacte de ces sentiments qui prédominent à un moment donné dans le groupe.
Pagès insiste aussi sur les dimensions symboliques. Celui-ci est aussi à considérer comment langage. « Les groupes sont des ensembles de personnes qui en raison de leur histoire individuelle, ou de rapports interpersonnels antérieurs, ou de leur culture, et prouve d’une façon particulière en conflit affectif ressenti par un ensemble de personnes plus vastes, dont elles font partie. »
C’est bien la communauté de conflits qui sont à l’origine du groupe. Le groupe est toujours analysé dans son articulation émotionnelle, culturel à son environnement, en ce sens il est toujours partiel : il est une émanation du social, une forme singulière de gestion de la relation à l’autre. Ils se caractérisent surtout par le faits d’éprouver la présence d’autrui de façon affective et paradoxale. C’est lorsque les individus vont avoir des difficultés, qu’ils vont faire l’expérience d’un lien qui va survivre à toutes ces expériences. On peut alors concevoir les groupes comme des lieux où s’élabore, ce travail, se modifie une relation universelle vécue à un niveau inconscient.
Ce point de vue a permis à la psychologie sociale est clinique des groupes de se distinguer de la position psychanalytique qui « réduise le psychologique à l’individuel ». Il postule l’existence d’un niveau collectif de l’inconscient, d’aborder le groupe à partir de l’individu, la personnalité de ses membres, l’histoire de ses relations (sur le mode du transfert), au lieu de concevoir le groupe comme une fraction d’un groupe toujours plus vaste. Ce groupe explore de façon active le conflit ressenti par les individus dans le groupe Total.
L’hypothèse qu’il défend et que ces groupes ne résultent pas simplement de communication entre membres, de phénomènes d’influence mais surtout de difficultés à être en relation ressentie universellement. Ces groupes sont des lieux de résolution du conflit. Ils permettent de communiquer autrement et sont conçus contre ces difficultés universelles, cet amour qui ne peut pas s’avouer, se formuler, toujours dans le sens d’une plus grande solidarité. En somme, Pagès ne veut réduire le groupe pâle à l’individuel ni aux sociétal.
Avez-vous les sources ?
https://archive.org/details/lavieaffectivede0000page/page/n3/mode/2up
Merci 😊😊