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CONTEXTUALISATION DU TEXTE

    1. Biographie et oeuvre de l’auteur

Tout d’abord nous tenons à préciser qu’étant donné que l’auteur est contemporain, et vit toujours, nous possédons peut d’éléments de biographie.

Thierry GODEFROY est chercheur au Centre de Recherches Sociologiques sur le Droit et les Institutions Pénales (CESDIP), un département du Centre National de Recherches Scientifiques (CNRS). Il est économiste de formation. Ses travaux ont donc une dominante économique comme en témoigne ses études sur les enjeux et les conséquences économiques de la criminalité où il tente entre autre de quantifier les dépenses liées à la sécurité. Il mêle le droit à son analyse économique en travaillant par exemple sur des thèmes tel que « les rapports entre les transformations du marché du travail et les évolutions de la répression pénale ». Il utilise également la sociologie pour analyser « les diverses formes des pratiques économiques irrégulières » et plus particulièrement les flux financiers illégaux, le crime organisé ou encore les économies dites informelles, dont nous traiterons ici. Après s’être penché sur les divers thèmes d’étude que nous avons énoncé précédemment, Thierry GODEFROY réfléchit sur le thème du blanchiment en tant que nouvelle pratique criminelle et sur la constitution d’une professionnalisation de nouvelles fonctions liées à la lutte anti-blanchiment, mais également de la mondialisation de l’économie dite informelle. Ses études sont le reflet de nombreux travaux internationaux, en témoigne les ouvrages de langue étrangère auxquels il a contribué. Ainsi on peu trouver dans sa bibliographie (mentionné plus bas) des oeuvres en allemand, en anglais ou encore en italien. Son oeuvre est essentiellement composé de contributions à des ouvrages et d’articles, en effet il a rédigé seul que peu d’ouvrage. Thierry GODEFROY est également cofondateur et rédacteur en chef de la revue «Champ pénal».

    1. Bibliographie

  • Robert (P), Godefroy (T), 1978, Le coût du crime ou l’économie poursuivant le crime, Médecine et hygiène, Masson, Genève-Paris.

  • Godefroy (T), Laffargue (B), 1984, Crise économique et criminalité – criminalité de la misère ou misère de la criminologie?, Déviance et société.

  • Godefroy (T), Laffargue (B), 1989, Economic cycles and punishment : unemployment and emprisonment, Contemporary Crises (réédition in M. J. Lynch (Ed.), 1997, Radical Criminology, Aldershot, Dartmouth Publishing,pp 333-366).

  • Godefroy (T), 1996, « Nouvelle donne sur le marché du travail, nouvelle économie répressive? » In S.Paugam (Ed.), L’exclusion, l’état des savoirs, Édition de la découverte, Paris, pp 449-459.

  • Godefroy (T), Kletzen (A), 1997, « Länderberichte : Frankreich » in M. Kilchling und G.Kaiser (Ed.), Möglichkeiten der Gewinnabschöpfung zur Bekämpfung der Organisierten Kriminalität, Kriminologische Forschungsberichte Band 61, Eigenverlag Max-Planck-Institut für ausländisches und internationales Strafrecht, Freiburg im Breisgau,pp 215-248.

  • Palle (C), Godefroy (T), 1998, Les dépenses de sécurité en 1996 – une nouvelle méthode d’évaluation-, Bulletin Questions Pénales.

  • Godefroy (T), Kletzlen (A), 1997, Confiscation and AntiMoney-Laudering Regulations under French Law, European Journal of Crime, Criminal Law and Criminal Justice.

  • Godefroy (T), 1998, Nuovi scenari del mercato del lavoro e ricomposizione penale in Francia, Polis.

  • Godefroy (T), 1999,« Les activités informelles entre trafic et entraide, l’exemple de l’automobile », in J-M. Servet (Ed.), Exclusion et liens financiers, Economica, Paris, pp 337-344.

  • Godefroy (T), Palle (C), 1999, De l’estimation monétaire des infractions aux coûts de quelques conduites inéthiques, Éthique,pp 101-111.

  • Godefroy (T), 1999, « Économie parallèle ou métissée? Exemples d’activités hybrides » in

J.M. Bessette (Ed.), Crimes et cultures, Logiques Sociales, L’harmattan, Paris, pp 159-175.

  • Godefroy (T), Kletzlen (A), 2000, Blanchiment et confiscation. La situation française vue à travers l’analyse de dossiers, Guyancourt, Cesdip.

  • Barré (M.D.), Godefroy (T), Chapot (C), 2000, Le consommateur de produits illicites et l’enquête de police judiciaire. Étude exploratoire à partir des procédures de police judiciaire, Guyancourt, Cesdip.

  • Godefroy (T),2002, « Les criminalités économiques et financière : Evolutions et tendances, quelques observations françaises » in P. Ponsaers, V. Ruggiero (Ed.), La criminalité financière en Europe,L’Harmattan,

Paris, pp 47-76.

  • Godefroy (T), Lascoumes (P), 2004, Le capitalisme clandestin – l’illusoire régulation des places offshore, La Découverte, Paris.

  • Favarel-Garrigues (G), Godefroy (T), Lascoumes (P), 2005, La lutte anti-blanchiment d’argent, une expertise, un métier, bientôt une profession?, Banque Stratégie 2

  1. APPROCHE GLOBALE DU TEXTE

    1. Présentation de l’ouvrage

Le texte est extrait d’un ouvrage collectif intitulé Crimes et Cultures, édité en 1999 et dirigé par Jean-Michel BESSETTE, professeur à l’université de Franche-Comté. Cette oeuvre a été rédigé à la suite du XXXII ème congrès de l’Association Française de Criminologie (AFC) dont le thème de réflexion était Crimes et Cultures.

L’AFC a été créée au début des années 1960. Elle vise a réunir des chercheurs de différents horizons, que ce soit disciplinaire,professionnel ou linguistique, auxquels peuvent s’associer toute personne désireuse de participer aux débats sur la criminalité et ces enjeux (prévention, coût, répression…). C’est une association indépendante qui fonctionne grâce aux cotisations de ses adhérents. Les précédents congrès ont tour à tour traité des liens entre Délinquance et précocité, de l‘homicide, et des rapports entre Santé et système pénitentiaire. Le prochain congrès, en partenariat avec la Société belge de criminologie, aura pour sujet les Soins obligés, c’est à dire l’obligation de soins concernant les personnes condamnées pour diverses raisons et atteintes de maladies mentales. Une année sur deux, l’association décerne le Prix Gabriel Tarde, qui est le Prix national de criminologie. C’est le ministère de la Justice qui finance ce prix. L’AFC a un site internet (http://www.juripole.u-nancy.fr/AFC) et un bulletin d’information trimestriel (AFC-INFO).

L’ouvrage Crimes et Cultures reprend donc l’essentiel de ce qui est ressorti du congrès. Jean-Michel BESSETTE présente son oeuvre comme « une réflexion sur les différents systèmes de valeurs cimentant les groupes humains diversifiés dans l’espace et dans le temps (dimension historique et anthropologique) mais aussi sur les rapports entre cultures dominantes et cultures dominées, violence légitime et violence illégitime, imposition de normes et régulations sociales (dimension juridique et anthropologique) ». La première partie de l’ouvrage traite des approches critiques du concept de culture en criminologie. Le second thème abordé est villes, délinquances et cultures. Dans la troisième partie, on s’intéresse aux économies parallèles et à la corruption, c’est d’ailleurs ici qu’on trouvera la réflexion de Thierry GODEFROY. La quatrième et dernière partie s’intitule « extra hexagonales poursuites ». Jean-Michel BESSETTE conclut par une postface s’interrogeant sur une approche anthropologique du crime.

Comme nous l’avons précisé, l’extrait auquel nous nous intéressons ici se situe dans la troisième partie qui elle même se subdivise en quatre sous parties:

– Économie informelle ou métissée? Exemples d’activités hybrides (Thierry GODEFROY – CESDIP – CNRS).

– Informel, formel et formalité (Smaïn LAACHER – EHESS)

– Recherche sur les processus de corruption en Suisse : une première ! (Nicolas QUELOZ – Professeur – Université de Fribourg)

– La prévention épistolaire à l’escroquerie : dissuasion et persuasion (Jean-Luc BACHER – CICC – Université de Montréal)

Le passage, d’où est extrait le texte, est une analyse et une critique du terme d’économie informelle auquel l’auteur préfère celui d’économie métissée. Il appuie sa théorie sur divers exemples de situations ambiguës par rapport à la loi et au marché. Il s’attache également à montrer que le recours à cette économie informelle trouve sa cause dans un manque de cohésion sociale, c’est à dire dans l’exclusion sociale et la marginalisation dont certains sont victimes. L’économie informelle peut donc être considérée comme un fait social, en tant que conséquence de divers changements et ruptures sociales. Le texte étudié est composé du début et de la fin de la réflexion de l’auteur. Dans la quinzaine de pages qui constitue la contribution de Thierry GODEFROY, il montre que le concept d’économie informelle est difficile à aborder pour de multiples raisons qu’il expose et que cette économie peut comporter bien des avantages pour ceux qui la pratiquent.

    1. L’objet du texte en quelques mots clés

  • Économie : Économie est un mot polysémique :

– l’économie comme discipline scientifique : science qui étudie la production, la répartition et la circulation des richesses

– l’économie comme système productif : ensemble des activités productives d’un pays (ex : l’économie française), d’une région ( ex : l’économie méditerranéenne), d’une branche (ex : l’économie touristique).

– L’économie comme comportement : comportement d’épargne (ex : être économe, faire des économies),comportement de gestion au moindre des ressources rares ou encore comportement de non-utilisation (ex : faire l’économie d’un discours).

C’est le second sens qui nous intéresse ici, soit l’économie en tant que système productif.

  • Économie informelle : Ceci concerne l’ensemble des activités productrices de biens et/ou de services qui échappent à la régulation par l’État (ou « au regard de l’État » selon Pierre Rosanvallon).Ces activités peuvent être légales (ex : travail domestique, entraide entre voisins) ou illégales (ex : « travail au noir », trafic de drogue) et échappent partiellement à la comptabilisation nationalle soit parce qu’elles sont frauduleuses, soit non déclarées. Les activités informelles légales sont parfois qualifiées de non-marchandes par opposition aux activités marchandes illégales. On parle également souvent d’économie souterraine.

  • Économie métissée : Ce terme, employé par l’auteur, s’oppose à celui d’économie informelle en ce sens qu’il ne fait pas seulement une distinction d’un point de vue comptable et économique. On constate ici l’influence sociologique puisque l’économie métissée ne comprend pas seulement l’échange marchand légal proprement dit. L’auteur définit ceci comme une économie qui « croise toute une gamme de positions par rapport aux dimensions territoriales, au marché, à la monnaie ou à la légalité ».

  • Phénomène d’hybridation : Ce phénomène caractérise une situation qu’on qualifie normalement d’informelle mais qui peut avoir un caractère légal et/ou marchand. Ce phénomène souligne la difficulté que l’on a à classer certaines situations. C’est ce phénomène qui amène l’auteur à penser qu’il n’existe pas de distinction nette en entre économie formelle et informelle, mais plutôt une économie mixte, métissée.

    1. Autour du thème abordé

Le Service d’études pénales et criminologiques (SEPC) puis le Centre de recherches sociologiques sur le droit et les institutions pénales (CESDIP) se sont intéressés depuis le début des années 1970 aux rapports entre les délinquances, le contrôle social et l’économie. Philippe Robert a engagé à cette époque les premiers travaux sur le coût du crime. Cette approche, inspirée de travaux menés outre atlantique à la fin des années soixante, propose de donner une mesure monétaire non seulement aux délinquances mais également à leur contrôle. Ces travaux ont été poursuivis au CESDIP jusqu’au milieu des années 1990. Ils ont fait apparaître une image différente des délinquances et mettent en lumière les conséquences des délinquances économiques et financière (DEF).

A la fin des années 1980 et au début des années 1990, l’émergence de grandes affaires economico-politiques, en particulier en France et en Italie, a contribué à s’interroger sur ces délinquances et leur contrôle. De nouvelles législations apparaissent sur la corruption et le blanchiment. Des modalités spécifiques de contrôle sont mises en place concernant la surveillance des marchés (Commission des opérations de bourse), le blanchiment (Traitement du renseignement et de l’action contre les circuits financiers clandestins), la corruption (Service central de prévention de la corruption), l’action pénale en matière économique et financière (pôle financier).

  1. ANALYSE INTERNE DU TEXTE

    1. Thème

L’auteur s’interroge ici afin de savoir si l’économie dite informelle est une réalité ou une construction dans le sens où cette économie dites informelle regroupe non pas toutes les situation de production et d’échange illégaux de biens et de services mais simplement les situations qui échappent à la régulation par l’État et le marché.

    1. Thèse

La thèse présentée ici par l’auteur est celle qui consiste à transformer le terme d’économie informelle en un concept qui colle davantage à la réalité. Ce concept est celui de l’économie métissée au sens d’une économie faite de situations hybrides qu’on ne peut classer dans des groupes distincts. Pour Thierry GODEFROY il n’existe pas une bonne économie (celle qui augmente la richesse nationale) et une mauvaise (celle qui échappe à la comptabilité nationale parce que non déclarée). Il y a tant de cas ou la production et l’échange sont marchands et légaux, non marchands et illégaux…

    1. Plan du texte

      1. L’économie informelle : Un sujet d’actualité, de société et international

  • Paragraphe 1 : « La part d’ombre (l 1) […] une double traduction (l 5) » L’économie parallèle suscite de nombreux questionnements qui se traduisent couramment par deux points de vue.

  • Paragraphe 2 : « Tantôt, c’est l’énigme (l 6) […] soit 10 à 28 millions de personnes (l 13) » Dans une première optique, on considère avant tout l’économie parallèle comme une perte financière difficile à évaluer en terme de Produit Intérieur Brut (PIB) notamment, du fait de son caractère illégal et donc non-déclaré.

  • Paragraphe 3 : « Tantôt, c’est la question (l 14) […] des sources policière (l 19) » Le deuxième point de vue pense ce type d’économie en totale opposition avec économie productrice de richesses national. On résonne ici en terme de bonne et de mauvaise économie, au sens du Bien et du Mal, la première participant au bien-être national, et la seconde tentant de de s’insinuer et de pervertir la bonne création de richesse.

  • Paragraphe 4 : « Cette préoccupation (l 20) […] loin d’être nouvelle (l 24 ) » L’économie informelle intéresse depuis longtemps mais pour autant on ne lui a jamais attribué une définition précise car elle est mouvante et évolue en même temps que les sociétés.

  • Paragraphe 5 : « Sans trop vouloir s’étendre (l 25) […] ou d’institutions alternatives (l 39) » L’auteur montre grâce à divers exemples que cette économie informelle était déjà étudiée dans les années soixante et que quelle que soit l’époque elle suscite des intérêts. Il présente ainsi plusieurs auteurs de différentes nationalités qui on travaillé sur cette économie à différentes époques.

      1. Un concept flou qui demande une étude pluridisciplinaire

  • Paragraphe 6 : « Les nombreuses appellations (l 40) […] des travaux qui s’y rattachent (l 50) » Non seulement l’étude de cette face cachée de l’économie n’est pas nouvelle mais elle fait également appel à différentes disciplines comme en témoigne la diversité des appellations pour qualifier ce type d’économie.

  • Paragraphe 7 : « Ces économies recouvrent (l 51) […] non-comptabilisé dans les statistiques (l 54) » Le seul trait commun de ces activités est le fait qu’elles ne sont pas prises en compte par la Comptabilité nationale, soit parce qu’elles sont non-monétaire, soit parce qu’elles transgressent la loi.

  • Paragraphe 8 : « Elles prennent des formes (l 55) […] des logiques à l’oeuvre (l 72) » Ces activités dites informelles, ont souvent une nature différente. Il y a d’une part les activités légales non-marchandes (troc, entraide,…), d’autre part les activités illégales marchandes (trafic en tout genre). Ces activités illégales marchandes peuvent produire des biens et/ou des services licites ( travail au noir, contrefaçon) ou illicites (drogues). Il existe bien d’autres catégories et sous catégories classant de manière floue les différentes situations.

      1. Des enjeux territoriaux, sociaux et économiques

  • Paragraphe 9 : « Ajoutons que vu du coté des acteurs (l 73) […] ne font pas toujours sens (l 78) » Ces activités informelles sont parfois le seul recours pour vivre, voire survivre face à la paupérisation de la société.

  • Paragraphe 10 : « Enfin la dimension territoriale (l 79) […] participent de l’économie mondiale (l 98) » Les activités souterraines peuvent être mobiles, locales ou encore transnationales. Les premières suivent la logique des entreprises légales en mettant en place des délocalisations, des sous-traitances illégales, afin d’être concurrentielles. Les secondes concernent davantage les situations d’exclusion, de marginalisation de certaines banlieues ou quartiers où la précarisation de l’emploi conduit à des recours illégaux. En ce qui concerne les dernières, il s’agit de flux illégaux d’hommes, de capitaux ou de biens et services dans une logique mondialisatrice.

  • Paragraphe 11 : « Ces profondes différences (l 99) […] une forme d’économie métissée (l 111) » D’après les différences territoriales remarquées dans le paragraphe précédant, il est clair qu’une approche globale de l’économie dite informelle semble impossible, ou du moins très difficile. De plus les problèmes sociaux et économiques (le fort taux de chômage,la précarisation de l’emploi, le manque de cohésion social, la crise de l’État providence…) amène certains individus à pratiquer des activités plus ou moins l’égales; Dans ce cadre il apparaît logique et essentiel de considérer ces formes d’activités non comme relevant de l’économie informelle mais plutôt d’une économie métissée où il faudra prendre en compte les caractères individuels et particuliers de chaque situation.

      1. « Une logique qui n’est pas celle du marché »

  • Paragraphe 12 : « Ces économies s’inscrivent (l 112) […] autant symbolique que marchand (l 115) » Dans une brève introduction Thierry GODEFROY indique une distinction entre l’aspect relationnel et l’aspect marchand, qu’il faut nécessairement faire quand on étudie l’économie informelle locale.

  • Paragraphe 13 : « Les activités informelles (l 116) […] perdre sa dignité (l 126) » L’auteur montre ici le rôle essentiel de la dignité. L’individu sera en effet davantage respecté si il pratique une activité informelle et marchande qui rend service au siens que si il a un emploi légal souvent considéré comme de l’exploitation, étant donné les conditions précaires de travail.

  • Paragraphe 14 : « Ces observations (l 127) […] l’économie de marché généralisée (l 140) » L’auteur énonce ici d’autres études qui ont été faites sur les trafics de drogues et qui tirent les mêmes conclusions que lui : le rapport entre le respect et les activités illégales est déterminant pour comprendre ces dernières. Il ne s’agit donc pas là d’un simple échange marchand mais d’une recherche de dignité, de respect de ses pairs. Cette situation peut alors être qualifiée d’hybride et être distinguée d’autres activités informelles où l’échange monétaire prime sur tout.

  • Paragraphe 15 : « Localement (l 141) […] en décalage avec l’économie de marché (l 153) » Dans un cadre de précarisation de l’emploi, le recours aux activités informelles ou souterraines présente plus d’un avantage. Tout d’abord, il permet souvent de gagner autant d’argent qu’un emploi légal. De plus, il pose apparemment moins de contraintes et permet de gagner le respects de se pairs. Il ne s’agit donc pas d’une économie antagonique à l’économie de marché mais plutôt d’une économie « en décalage », c’est à dire qui ne répond pas aux mêmes logiques et n’a pas les mêmes fins.

  • Paragraphe 16 : « Ces considérations (l 154) […] plus métissée que parallèle (l 165) » Thierry GODEFROY conclut en rappelant qu’il ne cherche pas ici à glorifier l’économie informelle mais plutôt à donner des pistes de réflexion. Sa démonstration nous amène en effet à penser que le terme d’économie informelle est inadaptée face à une multitudes de situations différentes en bien des points. Le terme d’économie métissée apparaît bien plus conforme à une réalité difficile à cerner du fait de la multitude des angles de vue possibles.

      1. Notions spécifiques

  • Produit Intérieur Brut (PIB) : Principal agrégat de la Comptabilité nationale fournissant une mesure de la production sur une année. PIB = somme de valeurs ajoutées + TVA + droits de douane – subventions à l’importation.

  • Paupérisation : Appauvrissement durable d’une partie de la population. Terme créé par Marx pour désigner la baisse du niveau de vie du prolétariat au cours de la révolution industrielle, conséquence, selon lui, de l’accumulation croissante du capital.

      1. Résumé

En préambule de sa contribution à l’ouvrage Crimes et Cultures, Thierry GODEFROY explique que la criminalité et l’économie informelle suscitent beaucoup d’intérêt de la part de chercheurs de tout horizons, de toutes nationalités et cela depuis déjà quelques temps. C’est un sujet qui intrigue et intéresse d’autant plus que l’époque s’y prête: d’une part, la mondialisation hyperactive internationalise de nombreux phénomènes auparavant cantonnés à un territoire national. D’un point de vue national d’autre part, de nombreuses ruptures se traduisent par une crise de l’État Providence, une précarisation de l’emploi, une exclusion sociale en progression et un processus d’individuation.

C’est à travers ces phénomènes variés qu’une approche de l’économie dite informelle est possible, mais celle-ci se confronte rapidement à un problème majeur : l’imprécision du terme d’économie informelle. Pour preuve, il existe de nombreuses variantes du terme que rappelle l’auteur ; ainsi on parlera aussi d’économie « seconde, souterraine, occulte, immergée, invisible, cachée, de l’ombre, au noir, clandestine, illégale, criminelle, mafieuse… » (l 41-42). Chacune de ces appellations met l’accent sur une ou plusieurs particularités, mettant en relief la diversité des cas, difficilement classables dans une catégorie générique. L’auteur donne l’exemple de la dimension territoriale qui témoigne d’une diversité, ne serait-ce quand dans l’échelle à laquelle on étudie un phénomène. C’est du fait de ces difficultés de définition d’un concept que Thierry GODEFROY avance le terme d’économie métissée, qui à son sens qualifie mieux une réalité aussi mouvante que diversifiée dans ses composantes. Il s’attache ensuite, via le cas particulier de l’économie locale marchande illégale ou « économie de débrouille », à montrer que l’économie dite informelle, ou économie métissée n’est pas en opposition avec l’économie de marché. Il dit d’ailleurs que cette économie est « en décalage avec l’économie de marché » en ce sens qu’elles ne peuvent être mise au même plan.

Pour conclure l’auteur nous rappelle son intention qui est d’éclairer et non de faire l’apologie de l’une ou l’autre des économies. Le phénomène d’économie métissée n’est donc pas en marge de la société puisqu’il se développe avec elle, et en subit une certaine influence. Ce texte amène plus largement à s’interroger sur la société, les risques d’anomie ou encore sur l’important rôle intégrateur du travail, dont l’absence conduit rapidement à l’exclusion. Pour des chercheurs comme Dominique Méda1, il faut développer des instances d’intégration davantage collectives. Dominique Méda mise sur la citoyenneté, d’autres sur les diverses formes de solidarité comme les systèmes d’échange local (SEL) qui se développent de plus en plus. Il semble alors que l’économie informelle non marchande soit un recours privilégié pour lutter contre l’individualisme et l’exclusion.

  1. SOURCES

1 Philosophe, auteur de Le travail, une valeur en voie de disparition

Texte de charmes sur l’échange

nommé directeur du département sociétés et santé ( dss )
entré à l’ird comme économiste en 1970, il a été succéssivement en poste à madagascar ( 71-74) en tunisise ( 76-83) et à l’insee a paris ( 74-76 / 84-89) avan td’occuper diverses résponsabilités en tant que présedent de la commission scientifique des sciences sociales (89-94) et enfn, celle de directeur du département sociétés, urbanisation, développement ( 94-97)
détaché comme professeur de sciences économiques à l’inuversité de versailles saint quentin en yveline depuis 98, directeur de recherche au centre d’éco et d’éthique pour l’environnement et le développement, jacques charmes est spécialisé en économie du développement.
Ses travaux ont port essentiellement sur la mesure du ecteur informel et de l’économie non observée et plus récemment, sur les questions de genre.
Il a également participé à des programmes dans le domaine du développement humain et de la lutte contre la pauvreté en afrique et en haiti pour le pnud et la banque mondiale

mots clefs

économie moderne
économie informelle
relation de solidarité
relation d’autorité

bibliographie

J.Charmes, « une revue critique des concepts, définitions et recherches sur le secteur informel, in « nouvelles approches du secteur informel », paris, 1990

J.Charmes, « le secteur informel, nouvel enjeu des politiques du développement » in « l’homme et la société », 1992, n 105

J.Charmes, « débat acutel sur le secteur informel » in « tiers monde », paris, 1992

J.Charmes « place et rôle du secteur non structuré dans la planification du développement et des politiques d’emploi en tunisie » in « tuniia industrial employment », 1985, washington

analyse interne

thème : l’économie informelle dans les pays du tiers monde

thèse : l’économie informelle, ente ruture et continuité avec la société traditionnelle

I introduction, définition du secteur informel
paragraphe 1 : introduction, l’économie moderne concerne la dernière décénie. L’auteur définit les termes d’éco moderne et d’éco informelle. Cette dernière est plus présente au tiers monde, constitue un phénomène représentaif du retard dans la modernisation, favorisant l’autoemploi, le travail indépendant
paragraphe 2 : compare l’éo informelle à une giraffe et un éléphant ( impressionnant et énorme ) puis à une licorne ( inexistant, irréel car non défini )
paragraphe 3 : prend l’exemple d’un petit marchand, d’un professeur d’université ayant besoin de prendre un second emploi informel pour subvenir à ses besoins ( chauffeur de taxi )
paragraphe 4 : l’auteur donne la définition du secteur informel selon la 15eme conférence des statisticiens du travail
paragraphe 5 : transition, ntion de réenchassement, l’auteur met en relation le social et le ecteur informel
II dynamisme économique du secteur informel
paragraphe 6 : l’auteur introduit la problématique du travail informel comme util de préservation de liens sociaux. Il cite serge latouche à l’appui.
paragraphe 7 : l’emploi informel est une manière de progreser, une aide au développement des pays du tiers monde
paragraphe 8 : on assiste à une recréation du lien social, baisse de l’individualisme, phénomène porteur d’espoir. L’auteur compare l’économie informelle à un laboratoire de sociabilité
paragraphe 9 : l’auteur fait la synthèse des deux paragraphes précédents, le lien social est approfondi, d’un point de vue économique autant que social. L’auteur aborde la question du rapport paternaliste plu humain, en contradiction avec la relaton d’exploitation.
paragraphe 10: l’auteur conclut en disant que le secteur informel est aussi présent dans le tiers mond que dans les pays développés, et que celui ci permet des rapports interpersonnems et une meileure qualité de relation.

Homo économicus : l’homme économique, personne rationnelle et égoiste cherchant à maximiser sa propre satisfaction dans un esprit économique.
Économiste hétérodoxe : l’éco fait aprtie d’un système socioculturel à prendre en compte dans sa vision de l’économie.
( en collaboration avec A.G. )

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