Rôle de la perception d’autrui dans la communication8 minutes de lecture

33 Rôle de la perception d’autrui dans la communication

331 Rôle des formations imaginaires dans la perception d’autrui. Il en existe trois type :

3311 les représentations réciproques des interlocuteurs

Ie(E) image que l’émetteur se fait du récepteur (question implicite dont la réponse sous tend la formation imaginaire : Qui est il pour que je lui parle ainsi ?)

Ie(R) image que se fait l’émetteur de lui-même (Qui suis-je pour lui parler ainsi ?)

Ir(R) image que se fait le récepteur de lui-même (Qui suis-je pour qu’il me parle ainsi ?)

Ir(E) image que se fait le récepteur de l’émetteur (Qui suis-je pour lui parler ainsi ?)

3312 les représentations de l’objet de la communication (référent)

Ie(O) image que se fait l’émetteur du référent (De quoi est ce que je lui parle ainsi ?)

Ir(O) image que se fait le récepteur du référent (De quoi est ce qu’il me parle ainsi ?)

3313 Les représentations réciproques anticipées

Ie(Ir(R)) Quelle image se fait l’émetteur de l’image que se fait le récepteur de lui-même (Comment pour l’émetteur, le récepteur se perçoit il ?)

Ie(Ir(E)) Quelle image se fait l’émetteur de l’image que se fait le récepteur de l’émetteur (Comment l’émetteur se perçoit il perçu ?)

Ie(Ir(O)) Quelle image se fait l’émetteur de l’image que se fait le récepteur du référent (Quel intention lui prête-t-il ?)

Ce processus de perception d’autrui, comment est il construit ?

Incertitude initiale (évènement, personne ou situation inconnue) -> mise en alerte -> recherche de réduction de l’incertitude psychologique, processus de schématisation et catégorisation -> processus d’attribution, activation des préjugés et stéréotypes sociaux -> orientation de l’action -> sanction et résultat de l’action

Pour prendre l’exemple d’un français qui a été arrêté aux états unis comme terroriste à tort :

L’affaire Franck Moullet : l’homme est un frenchie aux cheveux longs a bord d’un avion à destination des états unis. Il est perçu dans une incertitude initiale par l’hôtesse qui ne le connaît évidemment pas. Celle ci, mise en alerte par son aspect physique, enclenche un processus de réduction de l’incertitude psychologique par la catégorisation et la schématisation. Un frenchie aux cheveux long, c’est quelqu’un qui est anti-usa.

L’homme en question va aux toilettes, et prend son temps, ce qui alerte l’hôtesse. En sortant, il déclare que « sa merde ne vas pas exploser ». Par un processus d’attribution lié à l’activation de préjugés et de stéréotypes sociaux, l’hôtesse comprend de travers son propos, le déformant en « merde ça va exploser ». Ceci oriente son action : elle alerte la sécurité. La sanction et le résultat de l’action sont trois semaines de prison pour le touriste, en compagnie de vrais terroristes.

Nous pensons et percevons le social, nous percevons autrui en simplifiant les informations à notre disposition : nous connaissons la réalité sociale à travers des schématisations, aidés par les stéréotypes, et la catégorisation qui servent à construire une idée économique et cohérente de l’autre, qui va nous servir à anticiper les réactions de l’autre, voire les contrôler: il s’agit de mécanismes sociocognitif.

Face à une incertitude initiale, la mise en alerte pose la question de comment se comporter face à cette situation ou personne nouvelle. par exemple, dans le cadre d’un entretient d’embauche, quelle stratégie de présentation de soi mettre en place? Quel comportement adopter sachant qu’on ne sait rien de son interlocuteur? On recherche alors à réduire l’incertitude psychologique par catégorisation, recherche d’indices plus ou moins de façon inconsciente permettant de ranger la personne ou situation dans une classe, sur la base d’un seul indice (mouvement, communication non verbale, apparence etc.) Puis les processus d’attribution entrent en jeu pour attribuer à l’individu les caractéristiques de toute personne de cette catégorie. ; ceci permet de mieux prévoir ses réactions; par exemple, si un DRH est qualifié de conformiste, on pensera qu’il valorise plus les diplômes et on les mettre en conséquence en avant, on pourra assumer qu’il valorise la discipline, la hiérarchie; alors que s’il a l’air novateur, on appuiera plus ses expériences.

A ce niveau, soit l’interlocuteur ne perçoit que ce qui va avec cette image, au risque de s’enfermer dans une représentation décalée, soit il arrive à l’ajuster et a davantage de chances de voir la communication changer. Certains malentendus de la communication peuvent disparaître si l’ouverture à la communication sur les différences est suffisante.

34 Effets de la perception d’autrui

Les effets de la perception d’autrui peut mettre en jeu l’utilisation volontaire ou pas de certains indices (uniformes, armée etc.) Au delà d’identification immédiate, le feedback a un rôle important dans la correction permanente et la transformation de la communication à travers les ajustements des attentes. Les effets des attentes source d’inhibition, et d’obstacles introduit des biais non maîtrisés et gênant la communication.

Par exemple, le rôle de l’enquêteur (son apparence) dans les sondages d’opinion est étudié depuis un bon moment. Prenons un exemple sur la participation des femmes à la vie politique. La perception de la parité en politique par les électeurs et électrices est exprimée de façon très différente selon que l’enquêteur est homme ou femme. En posant la même question, « Etes vous pour ou contre l’instauration du système paritaire dans la constitution des listes électorales dans les partis politiques? » le résultat est de 26% pour, 40%contre et 34% S.O (sans opinion) dans le cas où c’est un homme qui pose la question. Au contraire, s’il s’agit d’une femme, les réponses sont de 55%pour, 20%contre et 25% S.O. Autrement dit, on est plus facilement pour si une femme pose la question et plus facilement contre s’il s’agit d’un homme. On remarque ici le rôle de l’anticipation de la réponse socialement attendue. L’apparence de l’enquêteur crée des attentes d’attentes chez l’enquêteur, ou du moins, le répondant a une idée de la réponse la plus valorisée t on a affaire à un biais de désirabilité sociale.

Un autre exemple probant est l’effet Pygmalion : la réalisation des prophéties (lire le livre Pygmalion à l’école). L’opinion du maître influence les résultats scolaires de l’élève car cette opinion détermine le style de communication pédagogique privilégiée par le maître et cette opinion finit par être intériorisée par l’élève. Une image positive un préjugé favorable de l’enseignant envers l’élève accélère la vitesse des apprentissages de cet élève.

L’équipe de chercheurs dans cet exemple a fait passer un test de QI aux élèves d’une classe (que le maître ne connaissait pas encore) et a déclaré à l’enseignant qu’il s’agissait d’un test prédictif, pour dire si les élèves allaient être de bon démarreurs ou des élèves normaux pour cette année scolaire. La moitié d’entre eux ont été déclarés comme tel au hasard, indépendamment de leur résultats. Ils ont refait passer un test à ces élèves après 6 moins, 6 mois plus tard encore, et un au bout de deux ans. On note que parmi les élèves désignés comme bons démarreurs, 47% on vu leur QI augmenter de 20 points ou plus contre 19% parmi les autres.

Cet effet Pygmalion est d’autant plus marqué dans les petites classes et concernant les enfants mexicains (pour l’étude réalisée au sud des USA). Les enseignants ont bien sur affirmé ne pas avoir agi différemment pour les deux groupes d’enfants, mais la communication des attentes par le jeu inconscient se fait par le langage non verbal (ton, posture, regards etc.)

La classe sociale, l’origine culturelle peut donc jouer un rôle important et les résultats sont fonction des préjugés personnels de l’enseignant, ses sympathies ou antipathies avec certains élèves, mais surtout fonction des stéréotypes sociaux qu’ils partagent plus ou moins avec les autres enseignants. Par exemple, les enfants mexicains sont mauvais, les filles sont meilleures en langues qu’en math… Les élèves finissent eux même par intérioriser cette image positive ou négative de soi conforme à la nature des préjugés de l’enseignant. Cette étude a néanmoins de nombreuses limites: tout ne se passe pas dans la relation enseignant élève et la réaction des élèves à la conduite de l’enseignant peut être différente face à des préjugés similaires. Les effets de cette discrimination sur le long terme conditionnent par exemple les filières d’enseignement choisies ou de relégation, mais la famille et les différents milieux extra scolaires jouent beaucoup aussi.

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