De la naissance à 3 ans
IV L’émergence et la mise en place des liens d’attachement entre le bébé et ses partenaires
1 origine
John Bowlby constate que les êtres vivants ont un besoin primaire d’autrui qui n’est pas sous-jacent à la satisfaction d’autres besoins naturels. Il constate ces besoins à travers différents faits tels que des expériences sur les bébés singes, le phénomène d’empreinte chez les oies et les symptômes d’hospitalisme (Spitz Lorenz et Harlow). Ceci remet en cause le concept d’étayage à la convergence de l’éthologie et de la psychanalyse sur lequel se base par exemple Freud.
1/ dans les années 60s, Lorenz étudie l’empreinte chez les oies. L’empreinte est une relation privilégiée au premier objet en mouvement perçu. Lorenz en conclut que ce lien social est indépendant de la nourriture.
2/ La réaction au stress ou à la détresse en cas de perte de l’objet d’empreinte est observée de façon similaire chez des enfants séparés de leur mères et mis en pouponnières. Ils présentent des comportements dépressifs, ont une posture prostrée et présentent des retards de développement conduisant à la mort dans certains cas. Ce phénomène a été baptisé l’hospitalisme.
3/ Les Harlots ont recréé la perte de l’objet privilégié d’attachement chez les macaques et ils observent les effets des variations du type de maternage procuré au bébé macaque, qui sont soit en contact avec une mère, des pair, isolés à divers degrés, ainsi que les comportements de la mère qui sont affectueux ou rejetant. La privation maternelle et l’isolement conduisent à des effets néfastes à court et long terme. Ces études ont eu des apports méthodologiques importants, puisqu’ils sont à l’origine de l’observation directe du bébé ou de l’enfant (Brazelton, Stern, Kramer, Lebobissy)
4/ Distinctions à faire
L’attachement est un besoin d’autrui primaire, inné, autonome et indépendant de la nourriture.
Les comportements d’attachement sont entre autre la succion, l’étreinte, le sourire, les cris, et le fait de suivre l’autre. Les comportements d’attachements servent à créer ou restaurer l’échange et la proximité avec autrui.
Les figures ou objets d’attachements sont des personnes privilégiées, généralement la mère, ou toute autre personne prodiguant des soins de façon chaleureuse et stable.
5/Construction du lien d’attachement
1 dans un premier temps, bébé est réceptif à toute stimulation sensorielle apaisante, et bébé porte un intérêt à tout partenaire humain.
2 Dans un second temps, bébé traite de façon positive tout personne entrant en contact avec lui, mais a une réaction plus rapide aux personnes privilégiées.
3 Vers 6/7 mois, l’objet d’attachement est constitué. Seules une ou deux personnes privilégiées peuvent parvenir à calmer l’enfant en cas de détresse. Les personnes entrant en contact avec lui ne sont plus interchangeables. Des comportements négatifs apparaissent en cas de séparation d’avec la figure d’attachement et l’accueil à son retour est positif. L’enfant va en priorité se diriger vers sa figure d’attachement en cas de détresse. Avec le temps, la capacité d’accepter des séparations de plus en plus longues témoigne de la mise en place d’un modèle interne opérant permettant à l’enfant d’aller vers l’autonomie.
6/ La situation Etrange (Ainsworth) est une situation expérimentale permettant d’évaluer la qualité du lien d’attachement à la mère à paritr de la fin de la première année. Cette situation reproduit des épisodes de la vie quotidienne : D’abord l’enfant est seul avec la mère, puis un inconnu arrive et joue avec l’enfant, pendant ce temps la mère s’absente un cours laps de temps, puis revient, s’absente à nouveau en compagnie de l’inconnu cette fois ci, et revient avec lui peu après. Ce ci provoque un stress modéré et croisant chez l’enfant qui permet d’évaluer ‘l’attachement à partir de ses comportements au cours de la situation qui dure 20 minutes.
Les bébés se regroupent en trois catégories. Ceux dont l’attachement est sécure sont peu stressés, accueillent positivement la mère à son retour. Ces mères sont considérées souvent comme réactives aux besoins de leur enfant et ce type d’attachement est un bon prédicteur du bon développement cognitif et social de l’enfant.
Ceux dont l’attachement est de type ambivalent se montrent anxieux et montrent des signes de détresse avant même la séparation d’avec leur mère, ils recherchent le contact la proximité et en même temps affichent de la colère à son retour.
Enfin, les bébés à l’attachement de type évitant ne montrent pas de signe de détresse en l’absence de leur mère et l’évitant ou l’ignorent lorsqu’elle revient.
7/ travaux récents
Ils se focalisent sur trois axes.
1) l’attachement est il unique ou multiple ?
Traditionnellement on considère qu’il y a une hiérarchie dans le lien d’attachement où la figure principale est la mère qui peut être accompagnées de figures secondaires. Lamb a étudié le rôle du père, mais aussi la place que prennent les nourrices etc Il montre que les comportements d’attachements diffèrent selon la personne, s’y adaptent, par exemple, un enfant va rechercher la proximité avec sa mère mais utilisera des signes distants avec la nourrice qui s’occupe de plusieurs enfants.
2) validité de la situation étrange
On porte de nombreuses critiques à la situation étrange concernant sa validité. La mise en scène est artificielle et 20 minutes sont un laps de temps très bref pour déterminer le type d’attachement, on peut se demander quelle est la validité de ces informations. Les changements de catégorie d’attachement de l’enfant peuvent se produire en fonction de la stabilité du milieu familial, (la mère reprend le travail après son congé maternité). On se demande aussi si la situation provoquée provoque le même stress chez les différents enfants. Des études interculturelles montrent par exemple que 65% des enfants américains ont un attachement sur contre seulement 30% des enfants allemands. Le type d’attachement, la quantité de stress éprouvée pourrait donc aussi varier selon la culture, les principes éducatifs valorisés.
3) représentation des liens affectifs du bébé
Quelle représentation de soi et d’autrui bébé s’est il construit et quelle représentation se fait il des liens, relations qu’il a construit avec ses figures d’attachement.
En considérant la distinction en cognitive entre mémoire épisodique et mémoire sémantique, on peut expliquer l’attachement anxieux par l’incapacité de généralisation et d’abstraction d’éléments autobiographiques ; les hiérarchies créées entre les évènements seraient si rigides qu’imperméables à tout évènement nouveau.
Il y a aussi des études sur les transferts intergénérationnels en procédant à des mises en relation des souvenirs de l’enfance de la figure d’attachement avec la conduite actuelle de l’enfant.