Le groupe en psychologie sociale28 minutes de lecture

Sommaire

Trois catégories de modèles théoriques du groupe en psychologie sociale

Dans ce cours nous allons procéder à la présentation de trois catégories de modèles de théorie différents du groupe. Les modèles dynamiques dans un premier temps, dont le père fondateur est Lewin. Les modèles internistes sans présenter dans un second temps. Et enfin nous verrons les modèles psychanalyses physiques de l’école anglaise de psychanalyse de groupe dont Bion et en France Anzieu et Kaës sont à l’origine.

Les objectifs des quatre cours suivants sont l’acquisition de connaissances théoriques et la prise de recul par rapport à ces dernières pour les confronter et faire des choix éclairés lors de la pratique de la recherche, pour ce qui est du cadre théorique. Ils visent aussi être conscients des points aveugles de tel ou tel modèle et des présupposés concernant la construction du groupe, du sujet, du lien social qu’il implique.

Les questions centrales que l’on se posera pour chaque modèle sont : en quoi ce modèle permet ou non d’établir la spécificité du groupal, du groupe et de son fonctionnement par rapport au fonctionnement individuel ? quelle est la conception du lien social qui sous-tend ce modèle ? Autrement dit, en quoi est-ce important pour la psychologie sociale ?

C’est au niveau de l’ambition épistémologique en psychologie sociale que ces questions prennent un aspect directeur. Le regard de la psychosociologie remet en question la séparation de l’individuel et du collectif. Pour cela, la psychologie sociale s’attache à étudier l’articulation du psychologique et du social c’est-à-dire à dépasser ces deux formes de réductionnisme que son le psychologisme et le sociologisme. Elle étudie la relation, les conflits entre société et sujet. Elle met en évidence l’impact et l’influence de l’an sur l’autre et réciproquement. C’est à ce niveau que l’on peut repérer l’importance des groupes.

Le groupe transport au sujet des normes, des modèles, des conduites propres au groupe. C’est l’acculturation. Celle-ci prend place dans tous les groupes où l’individu est inséré qu’il soit familial, scolaire, un groupe de pairs, un groupe de travail etc. cette multiplicité des groupes permet d’éviter une influence monolithique. De même l’influence minoritaire ou innovation qui se diffuse par le groupe, permet à l’individu de modifier la société qui l’entoure à travers les minorités actives.

À partir de là, il est important de pouvoir penser le groupe comme une entité spécifique, ce qui ne va pas de soi dans une société occidentale moderne. En effet, dans celle-ci, un individuo centrisme prévaut, c’est-à-dire une tendance à tout ramenait à l’individu comme valeur première, via la valorisation de l’autonomie, de la liberté etc. contrairement aux sociétés traditionnelles, dans lesquelles le collectif prime sur l’individu, parfois à son détriment. Cela se traduit dans le sens commun. On retrouve cette individuo centrisme dans certains modèles du groupe. Il est important de le relever à leur point

Janice (et Moscovici) ont mis en évidence que vous ne décide pas comme le fait un individu. Il parle de penser groupale, à partir de la reconnaissance de la spécificité du groupe et de la difficulté que cela pose.

Modèle dynamique du groupe de Léwin : origines dans la Gestalt théorie, influence de Cassirer et de Galilée

Modèles dynamiques : origines du modèle Léwinien du groupe

Le travail de Kurt Lewin (1890 — 1947) peut se diviser en deux périodes. Il travaille dans un premier temps sur la psychologie individuelle, en modélisant la dynamique de la personne. Dans un deuxième temps ils s’intéressent enfin à la question du groupe, en s’appuyant sur ce concept de base élaborée au cours de la première période.

On ne peut comprendre sa conception du groupe qu’en connaissant sa dynamique de la personne. Son biographe Marrow, distingue ses années allemandes et ses années américaines. Psychologue de l’école/université de Berlin, au laboratoire de psychologie jusqu’en 1933, il émigre aux USA, étant juif d’origine. De 1933 jusqu’à 1947, on parle de ses années américaines.

Influences de la Gestalt Théorie sur le modèle Lewinien du groupe  durant ses années allemandes

Au cours de sa formation, il est très fortement influencé par les théories de la Gestalt. La Gestalt pose que la perception peut et doit être analysée en termes de tout organiser : la forme. Le tout est différent de ce que serait la simple somme de ses parties, car il y a une qualité autre. Il est une entité distincte. Lewin s’est imprégné de la notion de globalité de la Gestalt.

L’influence du philosophe Cassirer sur les travaux de Lewin

Une autre influence importante au cours de sa formation et celle du philosophe Ernst Cassirer. Il a subi ses cours durant un an, et la vision de la recherche de la science de ce dernier a impressionné Lewin. Pour dépasser les limites d’un niveau donné de connaissances, le chercheur en général doit démolir les tabous méthodologiques qui condamnent comme non scientifique ou illogique les méthodes de concept nouveaux. Ces mêmes concepts plus tard constitueront les fondements des principaux progrès à venir. Le philosophe met en avant l’audace scientifique. Lewin n’a pas hésité lui-même à briser de nombreux tabous de son époque. Il s’attache à étudier de réalités qui était alors considérée comme inaccessible à la science. Pensons en particulier à la motivation, aux émotions, aux intentions etc.

La conception de la psychologie de Lewin

Une approche expérimentale ancrée dans l’action sur le terrain

La psychologie pour Lewin s’intéresse d’abord à la vie quotidienne des gens. Il est unique car il était un des rares psychologues capables de transposer un problème de la vie quotidienne en une expérience contrôlable. C’est ce qu’il fait notamment lorsqu’il transforme les habitudes alimentaires des ménagères (cf. cours de L2). Il a toujours refusé de dissocier son travail de chercheurs des citoyens. Ils forgent en ce sens au concept « d’action research » qui est à l’origine de l’ancrage de la psychologie sociale dans des questions de société. Il met en avant l’importance de l’approche expérimentale des question de terrain et des questions de la théorie. Il ne reste pas au niveau de l’empirisme puisque

Une science en théorie est une science aveugle et que « rien n’est plus pratique qu’une bonne théorie ».

La prise en compte du contexte et de l’objet dans sa relation au contexte

Lewin rentre épistémologiquement sa théorie dynamique individuelle dans un mode de pensée galiléen. Il le fait par opposition à un mode de pensée aristotélicien. Aristote explique les événements en référence aux caractéristiques des objets ou éléments concernés. Si une boîte tombe, c’est parce qu’elle est lourde. Un objet en mouvement tend vers le lieu que la nature lui désigne. Au contraire, dans la physique moderne, le mode de pensée différent. La tendance d’un corps à s’élever ou à tomber est dérivée de la nature de la relation de ce corps à son environnement. Le poids lui-même du corps dépend de cette relation. Les caractéristiques de l’objet ne perdent pas d’influence, mais la situation est prise en compte.

Lewin souligne le côté significatif du fait que Galilée n’a pas étudié les corps lourds en tant que tels, mais a étudié la chute libre, et le mouvement des corps sur un plan incliné. Le mouvement dépend à la fois des caractéristiques de l’objet et de l’environnement dans lequel il se trouve. Lewin transpose cela dans la dynamique de la personne et pose l’équation :

Comportement = f(p,e)t ; avec p pour personne et e pour environnement

Lectures conseillées

Pour bien comprendre la dynamique du champ de Lewin, qui peut parfois être un peu technique, vous pouvez aller à la Source en consultant Psychologie dynamique ou le plus accessible De la théorie du champ à une science du social. Pour ce qui est de l’application de ses théorie, Kurt Lewin, sa vie, son oeuvre met en contexte la théorie avec les contributions de Lewin à différent domaines.

Pour en savoir plus sur la Gestalt Théorie qui a influencé Lewin, j’ai trouvé La Gestalt Psychologie de la forme très pratique. Attention, c’est plus un manuel destiné à utiliser la Gestalt dans un contexte de travail marketing ou créatif. On s’éloigne des ouvrages scientifiques recommandés par les profs de psychologie. Mais je le trouve bien fait. A cheval entre le livre d’art et de psychologie, L’oeil qui pense est aussi un très bon ouvrage sur la perception, avec une partie consacrée à la Gestalt.

Lewin : dynamique de la personne

La dynamique de la personne

Des forces différentes appliquées à une même personne

L’accent mis sur la situation totale. Pour sa dynamique de la personne, Lewin s’est inspiré des conceptions de champs électromagnétiques pour modéliser des conduites humaines. Celle-ci pose que la dissolution des forces dans un environnement donné détermine ceux comme un objet possédant certaines propriétés fera dans cet environnement.

Lewin impose que le comportement est fonction de la distribution et composition des forces qui décrit la relation entre la personne et l’environnement au moment « t » où le comportement se manifeste. La personne se trouve le centre d’un champ de forces en perpétuelle évolution ; c’est la théorie du champ (en anglais: field théory) pour Lewin, la personne est conçue comme un champ d’énergie complexe dans lequel tout comportement peut être lui-même conçu comme un changement de l’état du champ, pendant une unité de temps donné.

Lewin construit des concepts (constructs) propre à rendre compte de cette conception de la personne.

Le champ psychologique

Le champ psychologique comprend toutes les variables qui ont en effet démontrable sur le comportement de la personne et ce, indépendamment de la conscience qu’elle en a. On n’y trouve des variables psychologiques (besoins, motivation, but, idéaux) et des variables non psychiques (sociales, biologiques, physiques) qui ont une incidence directe sur le comportement de l’individu.

L’espace de vie

L’espace de vie (Lsp/Life Space) est inclus dans le champ psychologique : il renvoie l’environnement psychologique total dont une personne a l’expérience subjective. L’espace de vie à deux régions principales. La personne p et l’environnement e. f représente la zone frontière, zone incidence des variables non psychologiques qui ont en effet sur le comportement de l’individu. Les variables relatives à la personne peuvent être les représentations, les goûts etc. les variables relatives à l’environnement peuvent être les prix perçus par exemple. Au niveau de la frontière, la situation historique par exemple peut-être critères (crise des éleveurs)

Il écrit si le conseil d’interdépendance n’est pas toute la structure de l’espace de vie se résume dans la structure des relations existantes entre la personne et l’environnement. Par exemple, un but est une certaine relation entre la personne une région de l’environnement qu’elle désire atteindre. Cette région est notée G+, c’est-à-dire qu’elle est dotée d’une valence positive. Il se crée un champ de forces qui conduit à une locomotion de la personne vers G. (goal).

Ces schémas/mode de représentation sont typiques de Lewin.

Explication de la mémorisation de tâches interrompues par le système de tensions

Si le sujet est impliqué dans une tâche et qu’on l’empêche d’aller jusqu’au bout, on s’en souvient davantage. (l’interruption de taches de Zeigarnic) Ceci s’explique en termes de tensions. Lewin fait appel aux maths (géométrie), et notamment la courbe de Jordan qui lui paraissait appropriée comme topologie, pour faire usage de géométrie non quantitative. Une décision entre deux situations également différentes, tend à créer des locomotions en sens opposé, ce qui résulte en l’atteinte d’aucun but. Au contraire, on peut aussi faire face à des situations également désagréables. Il existe un système d’interdépendance entre la personne et l’environnement : différents sous systèmes composent la personne, correspondant à des actions des tâches. Si différents systèmes sont sous tension, ceux-ci sont en concurrence, et peuvent poser des difficultés à résoudre ces tensions. Il faut être capable de les passer en stand-by.

Modèle Léwinien de la dynamique de la personne et développement de l’enfant

On voit comment ces travaux ont pu soutenir la psychologie du développement de la personne. Un enfant à moins de sous systèmes un adulte. Ils sont liés par une interdépendance simple : les frontières sont très perméables, les investissements labiles.

L’adulte au contraire, à de nombreux sous systèmes liés à la capacité de réaliser plusieurs activités. On passe d’un état autre part différenciation.

L’interdépendance est différente si, puisque l’adulte à la capacité d’instaurer une intégration des processus, c’est-à-dire que si trois sous systèmes sont activés en même temps, il sera capable de mettre deux d’entre eux au service du troisième, c’est-à-dire de les hiérarchiser.

*Cf. « Le conflit dans les deux modes de pensée aristotélicien et galiléen dans la psychologie contemporaine », psychologie dynamique, Kurt Lewin.

Le champ dynamique du groupe de Lewin est divisé en sous systèmes de tension caractérisant l’inter-dépendance des individus

La notion d’interdépendance est centrale dans le champ dynamique du groupe Lewinien.

Les composants du champ du groupe sont ses membres. Les membres sont envisagés comme autant de champs individuels, mais aussi les rôles, les normes, les valeurs, les activités du groupe.

Le groupe est composé de quatre sous systèmes

Le sous-système des tensions

Le sous-système des tensions se découpe en tensions positives et négatives. Les tensions positives poussent le groupe à la progression dans le sens de l’objectif. Les tensions négatives réfèrent plutôt au fonctionnement relationnel et affectif du groupe, plutôt qu’à l’atteinte de l’objectif commun. Ces tensions comprennent le jeu d’affectivité et d’obstacles en rapport.

Sources de tension négatives dans le groupe

Il existe quatre sources de tensions négatives potentielles : les relations interpersonnelles (affinités, hiérarchie), la relation affective plus ou moins fantasmatique et ambiguë que le groupe entretient avec son objectif (et qui réunit les membres) par le fait que son atteinte peut représenter la mort du groupe ; l’existence dans le champ de régions inégalement privilégiées par les différents membres.

Le but que se donnent les groupes sont différemment investis en fonction des différences entre les buts individuels et collectifs. Les membres se retrouvent plus ou moins dans les buts collectifs. Il peut y avoir des accords à leur sujet. De même, il peut y avoir des accords sur les moyens d’atteindre les objectifs. Pour Lewin, la dynamique du groupe est commandée par la nécessité de résoudre ces deux types de tensions. À cette fin, le groupe mobilise les énergies.

Le sous-système des énergies

Le second sous système est le sous système des énergies. Comme tous les systèmes, le groupe a une énergie théorique ou totale constitutive le caractérisant à un moment donné de son évolution. Cette énergie totale dépend de ses composantes et des ressources fournies par l’environnement. L’énergie totale se compose de l’énergie disponible de l’énergie latente.

L’énergie disponible

L’énergie disponible/mobilisée dépend de la valeur de l’objectif et les conditions d’ambiance. La valençay ce qui accroît les forces de progression vers l’objectif. Cette valence est d’autant plus positive que l’objectif présentera certaines caractéristiques, tels que la clarté de l’objectif, sa pertinence, la possibilité de l’attendre, la relevant se de ses attributs par rapport aux capacités du groupe.

L’acceptation de l’objectif aussi confère davantage valences positives, notamment s’il est choisi plutôt qu’imposé. C’est d’autant plus le cas que l’objectif est corrélé avec les buts individuels. L’énergie disponible va être utilisée pour résoudre/réduire le système de tensions.

L’énergie disponible de progression est utilisée pour résoudre le système de tensions positives.

L’énergie de conservation ou d’entretien est utilisée pour résoudre les tensions négatives et pour maintenir la cohésion du groupe et son moral. Le rôle en particulier de l’animateur consiste en la gestion de ces différentes énergies à travers des fonctions.

L’énergie latente

L’énergie latente est l’énergie qui pourrait être mobilisée. Elle est potentiellement présente mais se traduit par des attitudes de retrait, des désinvestissements, des comportements d’attente.

Le sous-système des fonctions

Le sous système des fonctions du ne permet d’alimenter et de réguler les différentes synergies par des fonctions vitales pour le groupe. La fonction de progression/progression renvoie directement à une intervention portant sur la poursuite de l’objectif. La fonction de facilitation ou de gestion est remplie par des interventions portant sur la méthode. La fonction de régulation porte sur le lien social et la cohésion du groupe. Il renvoie à des contributions visant à conserver un climat relationnel et un moral satisfaisant au sein du groupe. Elle utilise l’énergie de conservation. Souvent des participants contribuent à telle ou telle fonction, pas seulement l’animateur.

Le sous-système des activités

Enfin, le sous système des activités distingue les procédures et les processus. Les procédures sont les activités exprimant les tensions positives et permettent la progression vers l’objectif. Les processus expriment les tensions négatives qui peuvent s’exprimer à travers des rivalités, de la mauvaise volonté etc. tout comportement se lit dans ces deux composantes en termes de procédure ou de processus.

Cela renvoie au modèle systémique de Palo Alto qui distingue deux niveaux de la communication : le niveau du contenu et le niveau relationnel. Il faut apprendre à métacommuniquer pour pouvoir analyser ces deux niveaux. Dans les groupes aussi il y a deux niveaux.

L’essence du groupe réside dans l’interdépendance de ses membres

Lewin met l’accent sur le fait que l’essence d’un groupe ne réside pas dans la similitude ou la descendance de ses membres, mais dans leur interdépendance. On peut donc considérer un groupe commun tout dynamique, c’est-à-dire un changement dans une quelconque de ses parties charge l’état de toutes les autres sous parties. C’est ce dont Lewin peut apporter la preuve de façon expérimentale lorsqu’il réalise son expérience sur le style de leadership avec White et Lipitt.

Lectures conseillées

Pour bien comprendre la dynamique du champ de Lewin, qui peut parfois être un peu technique, vous pouvez aller à la Source en consultant Psychologie dynamique ou le plus accessible De la théorie du champ à une science du social. Un livre qui m’a beaucoup aidé dans mon cursus pour comprendre le champ dynamique de Lewin mais aussi d’autres concepts de psychologie sociale était ce livre de Vocabulaire de psychosociologie, pour approfondir vos connaissances, car il est un peu dense en jargon par moment – mais c’est bien ce que j’attend d’un « dictionnaire » de m’apprendre le jargon.

Le modèle de Lewin: globalité et minutie de l’étude et de la formation au service du changement en entreprise ou de la stabilité politique?

L’approche de Lewin requiert minutie et globalité de la transformation pour porter ses fruits

L’approche léwinienne exclut la systématisation de l’approche: elle nécessite une étude minutieuse pour comprendre ce qui se passe à un instant t, dans une situation donnée.

L’expérience sur les ménagères a été détaillée, étudiée pour comprendre l’ensemble des forces à l’oeuvre, aussi bien du point de vue d’aspects culturels, sociaux, que des canaux du changement. Il a repéré en amont les personnes ayant une influence sur le changement. C’est à partir de ces observations que les ménagères ont été ciblées comme porteuses des changements de consommation.

La recherche de Bavelas de changement d’un atelier de peinture dans une fabrique de jouets a échoué par son manque de globalité. L’entreprise est revenue à l’organisation antérieure car elle était à l’origine de dysfonctionnements : écarts de salaires difficiles à gérer, difficultés pour approvisionner l’atelier de peinture en amont, débit était trop important en aval, ce qui créait des problèmes de stockage. Le manque de globalité de cette expérience l’a conduite à son échec.

Limites du modèle Lewinien dans le cadre du changement planifié

Le changement planifié est décidé en dehors des sujets qu’il impplique. Les mesures d’association du personnel ne sont que des mesures d’accompagnement, de facilitation du changement. On peut y voir des tentatives de manipulation. L’ensemble du mouvement des ressources humaines mettent l’accent sur la réduction des tensions. Vous pensez qu’il contribue à maintenir le système en place, à le faire accepter plus facilement.

La formation des groupes pour faciliter le changement contribue aussi à stabiliser le système actuel

Les techniques de formation du groupe mis en place par Lewin (le T- group) permet d’acquérir des connaissances au niveau de la conduite de groupe. Ses collaborateurs en ont fait des outils du changement social, dans l’objectif de contribuer à un changement vers une société plus démocratique. Former des relais, des agents de changement social permet de promouvoir ses attitudes, des valeurs démocratiques dans toutes les différentes organisations. Aident-elles au changement ou à maintenir en place l’existant?

La formation dispensée ne donne cependant pas accès aux relations de pouvoir institutionnel. La formation met en scène un groupe de pairs, mais ceux qui participent sont souvent les dirigeants, les personnes à responsabilité. Sur le terrain, les enseignements n’ont pas d’action sur le politique. Ces formations donc mettent de l’huile dans les rouages du système sans le modifier. Au contraire, elles le protègent des conflits qui pourraient le mettre à mal.

Le psycho-social au service du changement et de la quête de sens au travail

La posture sociale des psychologues sociales sur le terrain varie Jacqueline Barus Michel, professeur contemporain, fait une distinction entre l’intervention psychosociale et l’analyse psychosociale.

L’intervention psych-sociale est centrée sur l’accompagnement du changement. Elle est sous-tendue par une valorisation du changement en tant que progrès.

L’analyse psycho-sociale répond à une demande des travailleurs en réponse à des problèmes

L’analyse psychosociale a l’objectif de répondre à la demande de groupes de pratiques (les travailleurs) face à des problèmes, qui sont en dernier ressort lié au sens du travail, de la pratique professionnelle. Le psychologue vise à reconstruire le sens de leur pratique. Les groupes construisent un changement de leur identité professionnelle. Lewin propose un modèle du changement dans un contexte particulier. Il en existe d’autres.

Conclusion : l’interdépendance des membres du groupe le distingue de la somme de ses parties

En conclusion, pour Lewin, le groupe est posé comme un tout différent de la somme de ses parties. Ce qui le spécifie et l’interdépendance de ses membres et de ses composants. Sa conception permet de noter la spécificité du groupal. Le groupe d’individus crée une réalité d’un autre niveau.

Le concept d’interdépendance est proche du concept d’interactions au sens statistique du terme. Le test d’interaction statistique est utilisé lorsque l’on veut étudier l’effet combiné de deux variables indépendantes. Par exemple, on étudiera les effets de la prise d’alcool sur la vigilance, du manque de sommeil sur la vigilance, puis du manque de sommeil combiné à la prise d’alcool. Il y a interaction lorsque les effets des deux variables indépendantes sur la variable dépendante est significativement différent de la simple somme des effets des variables prises individuellement. Il peut y avoir amplification ou atténuation des résultats en cas d’interaction.

Lectures conseillées

Pour bien comprendre la dynamique du champ de Lewin, qui peut parfois être un peu technique, vous pouvez aller à la Source en consultant Psychologie dynamique ou le plus accessible De la théorie du champ à une science du social. Pour ce qui est de l’application de ses théorie, Kurt Lewin, sa vie, son oeuvre met en contexte la théorie avec les contributions de Lewin à différent domaines.

Moreno et la sociométrie : mesurer les liens affectifs pour repérer les sujets isolés et les aider à trouver leur place dans la société

Moreno, fondateur de la sociométrie

Moreno étudie les affinités au sein du groupe. Tout groupe se structure autour de trois types d’affinités : la sympathie, l’antipathie ou l’indifférence. Contrairement aux comportements, ces relations ne sont pas observables. Moreno est convaincu qu’un individu bien intégré socialement pourra mieux se réaliser et contribuer à la société. Moreno étudie donc le niveau d’une affectivité latente en identifiant les comportements observables qui la caractérisent. Il a élaboré une méthode d’observation comportementale pour atteindre ce niveau de l’affectivité latente : l’enquête sociométrique ou le test sociométrique.

Moreno un projet scientifique : la mesure du social

Morena voulut créer la sociométrie comme discipline pour objectiver les relations affectives, mais il avait aussi un projet politique. Ayant observé la marginalité de certaines personnes par faiblesse de revenus, il a l’ambition d’aider un prolétariat affectif (comme il existe un prolétariat économique). Ce prolétariat affectif dépend de la place plus ou moins trouvée dans la société. Il dépend aussi de la difficulté de s’insérer dans les réseaux d’affinités. Le but de Moreno est de repérer les sujets isolés et d’aider ces personnes à trouver la place qui leur convient le mieux, où ils pourront se réaliser et apporter leur contribution à la société. Il désire créer une société où les gens sont mieux intégrés.

L’enquête sociométrique pour mesurer les liens affectifs

Pour identifier les liens affectifs entre individus, Moreno construit un outil : l’enquête et le test sociométrique. Les deux méthodes sont des questionnaires, composés de deux types de questions. Ce questionnaire s’applique à tous les membres d’un groupe, et porte sur un critère sociométrique bien précis, c’est-à-dire un type d’activité. Il a été appliqué dans le champ scolaire et au sein de l’équipe de travail. Le questionnaire demande d’émettre des choix sociométrique de « choix » ou de « rejet ».

L’utilisation de ce questionnaire un pose des problèmes d’ordre déontologique. D’une part, il faut respecter les principes de base de l’anonymat et de l‘absence de gratuité. Les réponses doivent aider à améliorer la situation des gens. Elle doit donner lieu à une reconstruction sociométrique c’est-à-dire une recomposition des groupes sur la base des affinités exprimées, comme condition de fiabilité. Ce genre de tests a été utilisé de façon plus ou moins convenable par certaines émissions de télé réalité, où le choix des participants était basé sur un test sociométrique répété.

Enquête sociométrique en établissement pénitentiaire

Durant une de ses interventions, Moreno a étudié les groupes d’affinités en établissement pénitentiaire: la communauté de Hudson. Celle-ci accueille 400 à 500 jeunes filles délinquants. L’établissement a fait appel au psychologue social suite à un dysfonctionnement : un de fugue important. Les jeunes filles en établissement pénitentiaire sont isolées affectivement d’après les psychologues sociaux. Affectées à un pavillon parmi 20, de façon aléatoire, l’hypothèse des psychologues est que celles-ci n’arrivent pas à trouver leur place dans le pavillon.

Une enquête sociométrique à large échelle permit d’observer différent statuts sociométriques (c’est-à-dire la popularité) :

  • Les stars (sujets étoiles) sont les membres du groupe recevant significativement plus de choix qu’ils en auraient reçu si seul le hasard avait joué. (Les psychologues se sont servis d’un arsenal d’outils statistiques important).
  • Au contraire, les sujets isolés sont ceux qui reçoivent significativement moins de voix que si la loi du hasard seule avait joué.

Moreno propose de dresser une radiographie effective des groupes : le sociaux grammes.

La notion de cohesion en sociométrie

Une des composantes intéressant les sociométriciens est la cohésion, basé sur le présupposé que la cohésion a un effet positif sur le groupe. La cohésion implique l’absence de conflit ; or, le conflit peut être nécessaire. Le groupe idéal sans conflit est une illusion groupale. Le conflit n’est pas forcément dysfonctionnel.

Cette approche à une autre limite, c’est la façon de mesurer la cohésion : l’indice de cohésion correspond au nombre de choix réciproques divisés par le nombre de choix total émis. Or, il est possible que tous les choix soient réciproques, sans que le groupe soit cohésif. En effet, il est possible par exemple qu’il y a un clivage, une cohésion en cliques alors que la mesure se base sur des relations dyadiques.

Définition de la cohésion sociométrique

La cohésion est définie comme l’ensemble des forces poussant les membres d’un groupe à y rester. Ici, il s’agit des choix réciproques c’est-à-dire l’attraction interpersonnelle.

Cette définition peut être questionnée. Les tenants de la théorie de l’identité sociale par exemple, affirment qu’on ne peut pas réduire la cohésion aux relations interpersonnelles, mais qu’il faut aussi prendre en compte ce que le groupe représente pour les individus, de leur reconnaissance dans le but du groupe, et dans le type de personne qui prend part. L’attraction les dépersonnalisait, il peut s’agir d’abstraction : il existe du une attraction sociale au-delà du groupe.

Lectures conseillées

Les fondements de la sociométrie permet de comprendre le travail de Moreno à la source, alliant ses théories avec sa pratique thérapeutique du théâtre.

Les modèles interactionnistes du groupe : Bales étudie de comportement verbal dyadique pour définir le groupal à partir de l’individuel

Les modèles interactionnistes du groupe sont centrés sur les interactions des groupes. (Interactions pas au sens statistique). La définition renvoie aux modalités concrètes selon lesquelles les individus rentrent relation les uns avec les autres. Il ne s’intéresse pas aux modalités concrètes, mais les situe à des niveaux différents.

Etude des comportements verbaux

Bales étudie les comportements verbaux. Il distingue trois zones, aires d’échanges verbaux comme outil d’observation de ces échanges.

La zone neutre de la tâche comporte six modalités d’interactions verbales.

Elles sont centrées sur la réalisation de la tâche, de l’objectif du groupe. Elles comprennent des demandes et des apports d’information, d’évaluation, de propositions ou de suggestions.

L’aire socio-émotionnelle comprend six autres modalités d’interactions verbales.

Celles-ci sont séparées en deux groupes

1- L’aire socio-émotionelle positive comprend trois types d’interactions : la manifestation de la solidarité, la détente, l’accord ou la compréhension.

2- L’aire socio-émotionnelle négative comprend l’antagonisme, la création de tension et le désaccord.

Bales tente de comprendre l’émergence des rôles dans les groupes

Bales a élaboré cet outil dans un objectif de recherche. Il tente de comprendre l’émergence des rôles dans les groupes. Il suit pour cela une démarche empirique inductive. Il construit sa grille à partir d’observations, se basant sur l’idée que les positions s’incarnent à partir de modalités d’action particulières. Les modalités d’action permettent l’élaboration des profils individuels nécessaires à la définition du rôle.

Degré de centralité des individus

L’outil consiste à reporter les numéros des types d’échanges dans une matrice de communication. On observe alors les sujets qui ont communiqué le plus, ou reçu le plus de communications, c’est-à-dire qui ont un degré de centralité important, comparés à ceux qui communiquent le moins.

Centration des individus sur la tâche ou le registre socio-émotionnel positif et négatif

Des scores par zone d’interactions verbale permettent ensuite de définir la centration des individus sur la réalisation de la tâche, ou sur le registre socio-émotionnel positif ou négatif. Ceci permet d’étudier la dimension de l’activité des sujets par rapport au nombre de communications émises, la dimension du type de sociabilité, positive ou négative et d’évaluer l’investissement dans la tâche de chacun. On observe la spécialisation de certaines personnes dans la régulation émotionnelle ou dans la réalisation de la tâche.

Une étude exclusive de groupes de pairs et comparaison des groupes entre eux

Bales n’envisage que les groupes de pairs. Le groupe se construit sur la base des interactions des sujets pris deux à deux, par dyade. Le groupe est le tissu des relations dyadiques. La réduction du groupal à des micro-éléments est particulièrement saillante lorsqu’il propose de dresser des profils des groupes, en les comparant entre eux.

De même qu’il existe des sujets plus actifs que d’autres, il existe des groupes plus actifs que d’autres, qui ont une sociabilité différente. Il propose par exemple un niveau d’activité mesurée par la somme des scores d’activité des différents sujets divisée par le nombre de sujets.

Son profil du groupe est la moyenne des individus. Il réduit donc le groupal à l’individuel.

3 thoughts on “Le groupe en psychologie sociale

  1. Je trouve que c’est très philantropique de trouver un site où l’on enseigne gratuitement des cours en psychologie.

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